La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais…

Lundi. En France, le premier ministre Edouard Philippe annonce « l’attractivité » de l’université française. En quoi consiste cette attractivité ? A augmenter les frais d’inscription, en les multipliant par 15 environ. Plus c’est gros, plus ça passe, dit-on habituellement… mais parfois, plus c’est gros, plus ça grince. Délocaliser les grandes écoles, serrer un peu plus les procédures de visa, installer un parcoursup très sélectif et faire payer, et augmenter les frais d’inscription… si la France voulait se prémunir contre les arrivants, elle n’aurait pas agi autrement. 10 ou 20 ans, et c’en sera fini pour la francophonie, en faveur de l’anglomanie.

Carlos Ghosn tched. A sa sortie d’avion, sur un aéroport japonais, une escouade de policiers se présente, investit l’appareil, baisse les rideaux, s’assure de la personne du premier constructeur mondial d’autos, le franco-libano-brésilien Carlos Ghosn. C’est comme pour Bouachrine chez nous… le crime est bien commis et établi, mais les autorités en font trop. On n’arrête pas quelqu’un comme Ghosn si on ne dispose pas de tous les éléments de preuve… alors pourquoi 15, voire 20 jours, de garde à vue en régime sévère ? Et pourquoi le parquet fait-il sa déclaration simultanément à la décision de Nissan de révoquer Ghosn, avec Brutus à la manœuvre ? Haute finance, ton univers impitoyable…

Mardi. Mohammed VI-A se sentant un peu seul à tourner autour de la terre, on lui a envoyé de la compagnie, en l’occurrence Mohammed VI-B. Désormais, en plus de grandes oreilles, le Maroc dispose de grands yeux qui scruteront les côtes marocaines, le climat, les mouvements de migrants, les terres arables et celles qui ne le sont pas… et les frontières est du pays, là où s’agitent les Algésariens. Mais pourquoi les Marocains refusent-ils mordicus de parler de la fonction militaire et d’intelligence des deux engins ? C’est pourtant clair qu’un satellite, c’est aussi et surtout fait pour espionner. C’est même pour cela qu’Alger et Madrid s’étaient un peu emportés l’an dernier au lancement du premier engin. Aux dernières nouvelles, Alger, fort marri, aurait commandé une douzaine de satellites… Ils ont bien six sous-marins, non ?...

Saaïd Amzazi n’a plus rien dit sur le maintien de GMT+1 et ses ravages sur les horaires et les humeurs scolaires. Et comme par hasard, depuis qu’il ne dit rien, rien ne se passe. Il bouge un sourcil et les jeunes descendent dans les rues. Il parle et les députés se réveillent. Il tousse et la société se cabre. Il esquisse un sourire et Elotmani fait un rictus, voire un infarctus. Et si on le virait, Amzazi, au nom de la cohésion sociale, voire de l’intelligence ?…

Mercredi. C’est comme cela, quand on n’a pas de classe dirigeante ou de dirigeant tout court. 6 novembre, Mohammed VI ouvre les bras et tend la main à Alger… Silence officiel et sortie officieuse de quelqu’un pour dénoncer le non-événement. Deux semaines plus tard, l’inégalable Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères, demande la convocation d’une réunion de ses homologues maghrébins pour causer de… on ne sait pas trop. Eh, Kader, c’est entre nous que ça se passe… causons et appelons les autres après, ils n’en seront que plus contents. Sinon, faudra expliquer votre politique à l’ONU qui observe et qui s’énerve un peu devant votre obstination à observer le monde de 2018 avec le regard de 1968. « Et ça, tout le monde le sait »…

Jeudi. Le gouvernement décide d’annuler des dettes pour leur écrasante majorité prescrites… les débiteurs sont soit morts, soit partis ailleurs… Pour en bénéficier, il faut juste avoir depuis plus de 20 ans une dette inférieure à 50.000 DH, et ce sont 1,2 million de gens qui sont dans ce cas. Et les ministres concernés de tweeter furieusement sur ce grand acquis social. Il serait juste bien d’avoir la liste des bénéficiaires et des montants...

de leurs dettes… Il doit y avoir un loup quelque part car un Etat qui veut emprunter à l’étranger (voir infra) ne renonce pas à 1,6 milliard de DH !

Vendredi. Il faut avoir plus de 90 ans (avec ou sans les dents), être chef d’Etat, avoir servi Bourguiba et ne strictement plus rien à attendre de la vie, voire être en position d’attendre la mort,  pour oser… et c’est le cas de Beji Caïd Essebsi qui vient de consacrer en Conseil de ministres le droit des femmes à l’égalité en héritage. Et c’est bien le moins… « La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune », disait Olympe de Gouges en 1791… avant de monter sur l’échafaud. « Et elle a aussi le droit d’hériter autant que l’homme », ajoute Essebsi. Certes, mais alors il faudra convaincre les littéralistes du Coran, ce qui est une autre paire de manches. Oh, la Tunisie a toujours été à l’avant-garde des pays arabes et musulmans. On verra, donc, ce qui se passera. En vérité, il faudra se battre bien plus contre 14 siècles de Tradition et autant d’habitudes que contre le texte coranique.

Samedi. On apprend que près de la moitié des cas de violences contre les femmes est de nature psychologique… Harceler, ignorer, surveiller, dénigrer, rabaisser, menacer, intimider. Nos hommes sont passés maîtres dans l’art de devenir cinglés. Comment peut-on se penser homme en frappant ou en insultant une femme ? SI c’est le cas, c’est qu’on est vraiment fou. Et il y a malheureusement de plus en plus d’hommes fous, à commencer par les fameux pervers narcissiques. Mais il y a également tant de femmes fêlées qui acceptent les coups, au prétexte de ne pas se retrouver sans homme… Le principe est simple : un homme qui frappe est un homme qui est là !

Les Gilets jaunes mettent la pagaille en France. Le mouvement inquiète par son ampleur, et surtout par son imprévisibilité. Il s’agit d’une rébellion fiscale, d’une révolution contre l’impôt pour appeler à son évolution. Emmanuel Macron n’a pas vu venir la fronde, tout occupé qu’il est par le climat de la terre et n’ayant pas vu venir la détérioration du climat sur ses terres. A défaut de rouler vers l’Elysée, les gilets jaunes ont décidé de se mettre « en marche » vers le palais présidentiel. Brigitte, au secours, Manu a des soucis !

Dimanche. Les Marocains, selon Médiamétrie, ne regardent que peu les chaînes de télé nationales. Ça, on le savait et on le comprend même… La bonne nouvelle est que nous sommes quand même encore près de la moitié à nous planter devant un écran avec des images d’une télé locale. C’est quand même bien, miraculeux même… Mais bon, dans les détails, on constate que si 2M attire autant de monde, c’est en raison de la série turque « Samhini », ou pardonne-moi… que Dieu leur pardonne.

M. Benchaâboune, grand argentier du pays, veut lever un milliard de dollars (ou d’euros) sur le matché international, en 2019… c’est, dit-il, pour « renouer le contact avec nos investisseurs internationaux et leur présenter les dernières réformes aussi bien sectorielles que structurelles engagées par notre pays». Que c’est joliment trouvé…Le tout nouveau ministre des Finances rassure, en rappelant que le taux d’endettement est de 70% du PIB… mais tient-il compte de l’endettement des entreprises publiques et des collectivités locales, ainsi que l’avait préconisé la Cour des comptes ? On n’en sait rien, mais ce qu’on sait est que le taux serait plutôt de 85 à 92% selon plusieurs sources. De toutes les manières, avec une agriculture encore et toujours exonérée d’impôts, des syndicats qui hurlent et un Etat à la recherche de la paix sociale, le déficit ne pourra que se creuser, malgré le souriant Elotmani et le (peu) rassurant Benchaâboune…

A la semaine prochaine.

Aziz Boucetta