A quoi joue l’Algérie ?

A quoi joue l’Algérie ?

1963, 1975, 1976, 1994, 1999… et même 1844 pour remonter loin dans l’histoire entre le Maroc et l’Algérie… Autant de dates marquantes dans ces relations tumultueuses entre voisins, faites de quelques affrontements armés ponctuels et d’une immense animosité permanente, et réciproque. Aujourd’hui, les choses peuvent évoluer entre Rabat et Alger, dans un monde reconfiguré où les idéologies ont cédé la place à l’économie, au développement, à l’environnement et à la coopération. Mais Alger ne veut rien savoir…

Malgré tout ce qui s’est passé entre les deux pays, et où les deux pays sont peu ou prou à responsabilité égale, il arrive un temps où les positions doivent se rapprocher. Et ainsi, depuis 43 ans que dure – officiellement – le conflit entre Alger et Rabat, il est plus que temps de solutionner les différends, tous les différends.

Si, jusqu’à il y a quelques années encore, le roi Mohammed VI fustigeait le comportement algérien, dans des termes rudes et rugueux, il en va différemment aujourd’hui. Un chef d’Etat doit savoir lire les évolutions mondiales, et c’est exactement ce qu’a fait Mohammed VI. Alors que l’année dernière encore, il avait des mots durs envers les Algériens, dans le discours du 6 novembre dernier, il leur a tendu la main. Que s’est-il passé entretemps ? La communauté internationale s’impatiente face à ce conflit qui dure et qui perdure, et le roi Mohammed VI a compris la communauté internationale. C’est aussi simple...

que cela.

Alors il a appelé à un dialogue et à la mise en place d’un mécanisme de dialogue franc, sincère, objectif, de bonne foi, sans conditions ni exception. Réponse officieuse algérienne : « un non-événement ». Réponse officielle : demande de réunion des ministres des affaires étrangères de l’UMA.

Or, même un enfant sait que comme il est impossible de fonctionner à cinq quand les deux principaux sont en divergence, il est inutile de faire référence à l’UMA pour répondre à la main tendue, voire aux bras ouverts, du chef de l’Etat marocain. Alger porte la responsabilité de ce refus du rapprochement initié par Mohammed VI et applaudi par la communauté internationale. Le chef de la diplomatie algérienne Abdelkader Messahel devra bien s’en expliquer à Genève, les 5 et 6 décembre prochains.

Et puis, alors que les choses en sont là, voilà qu’un missile est tiré le 21 novembre par la IIIème Région militaire, de Béchar sur… le Polisario à GTindouf. Comme on peut penser que les militaires algériens ne peuvent raisonnablement pas cibler leur créature, le tir était manifestement une erreur, où du moins on préfère le croire. Et quand on tire des missiles par erreur, cela peut devenir fatal.

Alors, au moment où les paradigmes internationaux changent, que les défis sont d’une autre nature, que les attentes des populations se multiplient et que l’heure est désormais à la paix, à la construction et au co-développement, à quoi joue l’Algérie ?

Aziz Boucetta

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