Fallait-il vraiment un second satellite pour le Maroc ? (vidéo complète du lancement)

Fallait-il vraiment un second satellite pour le Maroc ? (vidéo complète du lancement)

Cette nuit du 20 au 21 novembre, à la station aérospatiale de Kourou en Guyane, le satellite Mohammed VI-B a été lancé avec succès, lequel succès intervient un peu plus d’un an après celui du premier lancement, celui du Mohammed VI-A. Quelles sont les caractéristiques de ce second satellite, et est-il vraiment nécessaire ? Eléments de réponse.

Les deux engins seront placés en réseau, c’est le système Mohammed VI A&B qui sera installé sur la même orbite à 700 kilomètres du sol.  La complémentarité du duo de satellites de télédétection spatiale Mohammed VI A&B, permettra aux ingénieurs et techniciens marocains chargés de sa gestion, d’assurer une couverture plus rapide des zones d’intérêt. Elle permettra aussi de fournir plus de 500 images par jour en haute résolution sur des superficies plus réduites.

Les applications du programme de satellites Mohammed VI A&B serviront à appuyer les actions de secteurs clés du pays, à l’exemple du support en images pour la cartographie et le cadastre, de l’évaluation spatio-temporelle des espaces urbains et périurbains par les agences urbaines, du suivi des activités agricoles afin d’identifier les cultures et d’estimer leurs rendements, de la prévention et la gestion des catastrophes naturelles, ainsi que du suivi des évolutions environnementales telles que la désertification et les ressources en eau ou encore de la sécurisation des frontières liée à la lutte contre les réseaux criminels (trafics illicites, terrorisme) et la surveillance du littoral (reconnaissance de navires et pollutions).

Fort bien, sauf que tout ce qui précède est une sorte de copié-collé du communiqué d’Arianespace du lancement de novembre 2017 du Mohammed VI-A. Panorapost a contacté Driss Hadani du Centre de télédétection spatiale, qui a répondu à cette question sur l’utilité et l’opportunité d’un second satellite…

Le 2ème satellite vient ainsi renforcer la capacité de volume en termes d‘images qui seront acquises, tout en augmentant la fréquence d’acquisition. En outre, troisième avantage, est qu’il assure d’avoir toujours un moyen d’acquisition des données ». Très bien, mais alors pourquoi deux satellites ? « Parce que la capacité, on la construit par étapes, avec une 1ère phase correspondant au 1er satellite. Il a fallu un an pour préparer le deuxième engin. Ce sont des technologies très pointues...

mais le pack est habituel dans ce domaine, le processus est normal ».

Avons-nous été en « insécurité » d’acquisition durant cette année, avec un seul satellite ? « Non, le 1er a fait son travail, et il sera, comme je vous l’ai dit, renforcé par le second qui double la capacité. Le second satellite permet d’augmenter la fréquence d’acquisition sur un même site, avec quelques 500 images par jour. Désormais, on en aura un millier, c’est ce qu’on appelle le taux de revisite ».

Lancement à 22'10

Le terme-clé qui revient est la « souveraineté » de l’information, dans le sens où le Maroc ne sera pas tributaire des politiques de ses alliés et ne dépendra plus de leur bon vouloir pour collecter l’information. On a d’ailleurs vu que depuis un an, le Maroc est bien plus offensif à l’ONU pour la question du Sahara, ayant réussi à orienter les résolutions dans son sens en dévoilant les mouvements du Polisario à l’est du dispositif de sécurité dans les provinces du Sud, et en produisant des preuves sur les incursions illégales du Polisario et sur l’intervention du Hezbollah dans les camps des séparatistes.

Enfin, dernier atout de ce second satellite : la coopération sud-sud. Le royaume pourra ainsi approfondir ses relations avec ses alliés africains, ou autres, en leur procurant des images satellites sur les régions qui les intéressent. « Un satellite est capable de prendre des images sur tout le globe terrestre, on peut tout cartographier, et le Maroc fera de ses satellites un instrument de développement interne, mais aussi de coopération avec les pays amis et alliés ».

Quelle est la durée de vie de ces engins ? « Cela va de 7 ans, au minimum, à 15 ans. On peut aisément tabler sur une durée de 12 ans pour chaque satellite ». Un simple calcul, avec un coût de 500 millions d’euros pour les deux satellites, nous donne un investissement de 41 millions d’euros par an pour être informé, savoir où investir, comment et où injecter des fonds, et aussi surveiller les mouvements de nos adversaires ». Est-ce trop cher payé ? Assurément non. Quand on aime, on ne compte pas, et quand on veut prendre de la hauteur, c’est pareil.

Aziz Boucetta

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