G20 : la gauche latino-américaine se mobilise à Buenos Aires

G20 : la gauche latino-américaine se mobilise à Buenos Aires

A 10 jours du G20, la gauche latino-américaine se mobilise à Buenos Aires pour dire son opposition au modèle libéral, plaider pour une autre gouvernance et former des alliances pour défaire les partis de droite.

De lundi à vendredi dans la capitale argentine, le Forum mondial de la pensée critique, aux airs de contre-G20, rassemble ex-chefs d'Etat, leaders sociaux, intellectuels, syndicalistes, militants politiques.

Lundi à l'ouverture, des dizaines de milliers de personnes se sont pressées au stade Ferrocaril del Oeste, mais seulement 10.000 ont pu assister aux débats.

Avant les discours de Donald Trump, Emmanuel Macron ou Teresa May, les ex-présidentes du Brésil Dilma Rousseff (2011-2016), d'Argentine Cristina Kirchner (2007-2015) ont appelé à construire « des fronts démocratiques et populaires ».

« Ceux qui ont gagné au Brésil lors des dernières élections tournent le dos à l'Amérique latine », a déclaré Dilma Rousseff en référence au président élu brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui a par exemple affiché son désintérêt pour le Mercosur, le Marché commun du sud fondé par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay.

Elle redoute également une criminalisation des manifestations sociales. Pour Mme Rousseff, «la colonne vertébrale » de ces fronts doit être « anti-néolibérale et antifasciste ».

Après des années 2000 dominées par la gauche au Brésil, en Argentine, en Equateur, au Venezuela, une autre génération de chefs d'Etat de droite a pris le pouvoir sur le continent comme Mauricio Macri en Argentine et Jair Bolsonaro au Brésil.

Une banderole « Lula libre » avait été tendue entre deux arbres, dans une rue proche du Forum, en hommage à Luiz Inacio Lula da Silva, prédécesseur de Mme Rousseff à la tête du Brésil, aujourd'hui emprisonné pour corruption.

Ce n'est pas un contre-G20, a affirmé l'ex-présidente argentine Cristina Kirchner, qui a réservé ses attaques pour le président argentin de centre-droit Mauricio Macri, « un gouvernement légal, remarque-t-elle, mais y a-t-il de la légitimité dans la politique de ce gouvernement? » s'est-elle interrogée.

« Cela fait 3 ans que le néolibéralisme s'est installé en Argentine »,...

a-t-elle ajouté.

La troisième économie d'Amérique latine est en crise et les résultats économiques du pays sont bien loin des promesses de campagne de M. Macri, avec une inflation annuelle de 45%, une économie en récession et un endettement s'élevant à 90% du PIB.

A un an de la présidentielle d'octobre 2019 en Argentine, le Forum avait parfois des allures de meeting de soutien à Mme Kirchner.

« Nous passons un moment difficile. C'est triste. Nous espérons sortir ce gouvernement. Cristina est la seule qui puisse remettre le pays à flot, c'est une pierre dans la chaussure des puissants. Je n'ai jamais milité, mais j'ai senti que je devais être là pour mes enfants et petits-enfants », a dit à l'AFP Susana Rodríguez, une retraitée de 68 ans.

Fondateur de l'association argentine La Poderosa, impliquée auprès des plus démunis, Nacho Levy a appelé « à l'unité, ce qui veut dire construire un puzzle en étant complémentaires. La loyauté au peuple se mesure non pas par l'obéissance mais par l'efficacité de ce que nous parviendrons à bâtir ».

L'idée des tables rondes, débats et conférences organisées par le Congrès latino-américain de sciences sociales (CLACSO) « est de débattre, pas de faire un contre-sommet du G20 », « pour des sociétés plus justes et égalitaires », selon son organisateur Pablo Gentile.

Le sommet du G20 des 30 novembre et 1er décembre rassemblera les chefs d'Etat et de gouvernement des 20 premières puissances mondiales.

Le leader du parti espagnol Podemos, Pablo Iglesias, le vice-président bolivien Alvaro García Linera, l'ex-maire de Mexico et candidat à plusieurs reprises à la présidence du Mexique, Cuauhtemoc Cardenas, le fondateur du journal Le Monde diplomatique Ignacio Ramonet, sont également à Buenos Aires.

« Le néolibéralisme est une construction politique qui nous oblige à repenser (la gestion d'un pays). Nous devons forger un nouveau type de front social, civique, patriotique, dans lequel se regrouperaient tous les secteurs qui sont agressés par les politiques du néolibéralisme », a lancé Cristina Kirchner dans son intervention.

La rédaction

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