Rétro n°21 - Une semaine folle, molle, drôle

Rétro n°21 - Une semaine folle, molle, drôle

La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais...

Lundi. Un Tunisien, juif de son état, est nommé ministre du Tourisme… C’est bien la première fois qu’en matière de société et de social, et même de sociétal, le Maroc dépasse la Tunisie. Nous, cela fait 25 ans que notre Berdugo national avait occupé la fonction, la même… comme si les Juifs, ministres en terres arabes, ne savaient faire que du tourisme. Espérons que le Tunisien durera plus que n’avait duré le Marocain au gouvernement, soit très exactement 14 mois et demi, juste le temps de gérer un attentat contre un hôtel à Marrakech.

La Santé (avec majuscule), au Maroc, est chancelante. Elle est d’aussi mauvaise humeur que son ministre est guilleret. Les médecins publics enchaînent les grèves et les démissions, les coups de gueules et les tensions. Mais Anas Doukkali, l’heureux ministre, n’en a cure. Il est ministre, il doit durer, donc il ne doit surtout rien faire, attendant les ordres… Si, dans l’intervalle, quelques Marocains, las d’attendre, en viennent à trépasser, rien de grave… Dieu merci, nous avons une réserve de 35 millions d’âmes, sans compter ceux qui sont partis crever ailleurs… mais qui, finalement, vivent mieux qu’ici. Et plus longtemps.

Mardi. Le peuple marocain vibre à la Marche Verte, disent les banderoles d’un autre âge placardées partout, ici, là, ailleurs, nulle part et partout… « Les habitants de X célèbrent la Marche verte », « la population de Y glorifie la Marche verte »… Franchement, personne ne se reconnaît dans ces slogans « banderolés » où les caïds cherchent les bons points de leur administration plus qu’ils ne visent l’adhésion du bon peuple… Et franchement encore une fois, la Marche verte, un véritable moment d’histoire, mérite mieux que cela. Les Marocains aussi, d’ailleurs, mais ça, c’est plus général.

Les Américains votent, les Républicains perdent le contrôle de la Chambre des représentants, mais Donald Trump, The Donald, crie à l’ « immense succès »… qu’il est le seul à voir. Mais il faut le comprendre, il a gardé le Sénat et donc éloigné le très épouvantable scénario d’une non moins salvatrice destitution ; il est là, le succès Puis, énervé, il vire son ministre de la Justice. On ne voit pas le rapport mais lui, The Donald, très probablement, si.

Mercredi. L’Arabie saoudite, apprend-on, veut se doter de l’énergie nucléaire, qui sera placée donc entre les mains du très énerg(et)ique MBS, Mohamed Ben Salman pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Tiens, on le croyait privé de tronçonneuse et voilà qu’on lui autorise la construction d’un machin nucléaire ! Et donc, à la Cité des Sciences de Riyad (il est interdit de rire, puisque la science, chez ces gens-là, est bid3a), le prince a posé la première pierre du « premier réacteur de recherche nucléaire » du royaume. Plein d’avantages économiques, dont réduire la dépendance au pétrole. Avantage connexe : l’énergie nucléaire dégage tellement de chaleur que rien n’y résiste, pas même un corps humain… et au moins, c’est...

en Arabie, pas chez les Turcs.

Jeudi. Comme d’habitude, conseil de gouvernement, et comme d’habitude, rien de spécial, tout va bien, et même si ça allait mal, le gouvernement n’y pourrait rien, si toutefois il s’en apercevait. Mais bon, cette fois, la bande Elotmani a fait fort… constatant les caisses vides, et aucune heureuse perspective de les remplir, alors on fait les fonds de tiroir et on vend ses bijoux. Enfin, ce qu’il en reste. On apprend donc que nos vaillants dirigeants ont la bonne idée de vendre ce fleuron de l’histoire, de la culture, du tourisme et de l’hôtellerie du royaume qu’est la Mamounia. Combien ? 1 milliard de DH ? A peine quelques jours de salaires publics. Et puis on vend également cette chose qu’on appelle la centrale thermique de Tahaddart. Là, on pourra clairement et même largement assurer le règlement de l’éclairage public du carrefour Banque populaire, anciennes amours de l’actuel ministre des Finances, le pourtant excellent Benchaâboune. Mais le gouvernement use… même en quelques semaines.

Vendredi. GMT+1, les AREF, ou académies régionales de l’éducation feront finalement ce qu’elles veulent… De guerre lasse, Saaid Amzazi, le peu compétent et très docile ministre (entre autres) de l’Education, qui a beaucoup lu, fait comme Ponce Pilate : il s’en lave les mains. Et pour cause… il a essayé 8h du matin, grogne. Il a tenté 9h du matin, contestation. Il a pensé à autre chose, tollé. Il n’a pensé à rien, bronca. Alors, il s’en est retourné à son bureau, a chargé les AREF de faire, ou de ne pas faire, puis il s’est recroquevillé sous le protecteur portrait du roi, attendant que tout passe et qu’il puisse, enfin, retrouver les délices d’un ministère qui n’en procure pourtant que très peu.

Samedi. Le syndicat du PJD, UNTM, a tiré à boulets rouges sur le gouvernement Elotmani à propos de l’officialisation et du maintien de GMT+1. En fait, ce n’est pas vraiment l’UNTM dans son ensemble, mais seulement la section de Fès. Fès ? C’est là où règne un certain Driss el Azami el Idrissi, qui ne s’en remet pas d’avoir quitté le gouvernement, qui ne se relève pas d’avoir perdu la course au secrétariat général du PJD, face à Elotmani, et qui se lamente toujours du départ précipité et un peu brouillon du non moins brouillon Benkirane. Le syndicat qualifie la manière du gouvernement d’avoir décidé de GMT+1 de « misérable ». Avec des « amis » pareils, pas besoin d’ennemis…

Dimanche. l’Armistice a 100 ans, et la France le célèbre dignement sur ses terres, après une tournée dite mémorielle d’Emmanuel Macron. Soit. Jupiter, Dieu des dieux, appelle ses pairs à la paix… c’est beau comme la Terre… Sauf qu’à l’exception de deux ou trois dirigeants qui vivent en paix, les autres sont tous engagés dans des guerres, des conflits, des manœuvres, bref des bruits de botte… Et puis, pourquoi Netanyahou était là ? Son pays n’a été créé qu’en 1948, non ?

A la semaine prochaine.

Aziz Boucetta

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