Migrations : au centre des discussions entre la France, l’Algérie et le Maroc

Migrations : au centre des discussions entre la France, l’Algérie et le Maroc

Dans une interview accordée au magazine l’Express, Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur français, annonce qu’il voudrait dans le cadre de l’immigration clandestine, aider le Maroc et l’Algérie à empêcher les départs : « Le Maroc et l’Algérie sont prêts à travailler avec nous, mais sécuriser leurs frontières est compliqué et nécessite un financement. Nous devons les aider. » Le flux migratoire ne cesse d’augmenter, en effet, cette année, sur la route Maroc-Espagne, 33.795 passages ont été enregistrés en huit mois seulement, selon le ministre français.

Depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011, des milliers de réfugiés syriens tentant de fuir la guerre rejoignent l’Union Européenne à travers la Turquie, qui a pourtant construit en 2017 un mur de séparation tout au long de sa frontière avec la Syrie. Ainsi, depuis la fermeture des frontières des pays voisins avec la Syrie, les réfugiés majoritairement Irakiens et Syriens font un léger détour pour gagner l’Europe en passant par l’Afrique notamment à travers la Mauritanie, le Mali puis le Maroc et/ou l’Algérie. Ce qui fait des deux pays nord-africains, des pays de transit.

Des centres de rétention dans les pays nord-africains

Les centres de rétention devraient être mis en place par les pays européens dans le but de lutter contre le trafic de migrants et pour retenir les candidats clandestins qui n’ont pas le droit de séjourner en France. Il s’agit donc d’un contournement des dispositions édictées par l’accord de Dublin III, qui accorde le droit d’asile à un réfugié dans le premier pays européen de son passage. Le conseil de l’Europe invite les pays nord-africains à adopter ces mesures d’ouvertures de camps dans ce but.

Le Maroc a opposé une fin de non-recevoir catégorique. « Le Maroc refuse d’endosser le rôle de gendarme pour l’Europe », telle est...

la justification donnée par le porte-parole du gouvernement Mustafa El Khalfi, début septembre concernant la position du Maroc sur l’implantation des centres de détention. 

Manœuvres de lutte contre l’immigration clandestine par le Maroc

Lors de la même conférence de presse, M. el Khalfi a affirmé que 74 gangs de trafics de migrants ont été démantelés et plus de 260 passeurs ont été traduits en justice, ajoutant que le gouvernement marocain a provoqué l’échec de plus de 14.600 tentatives de passages clandestins au cours de cette année. Le Maroc a néanmoins, en 2017, permis à 50.000 sans-papiers de régulariser leur situation et leur a offert le droit de résider en toute légalité au Maroc.

Droits des migrants bafoués en Algérie

La communauté internationale a été outrée par la honteuse déclaration du président de la commission algérienne des droits de l’homme, Farouk Ksentini. La déclaration remonte à l’année dernière, mais elle reste tout aussi douteuse : il accuse les migrants africains, de propager le VIH dans son pays. Mais ce n’est pas tout, après des expulsions massives de migrants jugées « dégradantes », « forcées » et « inhumaines », Amnesty international accuse les autorités algériennes de bafouer les droits des migrants, en procédant à des expulsions sans même vérifier s’ils étaient en situation régulière en Algérie.

En quelques années, le phénomène migratoire et le Brexit, sont devenus les deux problèmes majeurs qui préoccupent l’esprit du vieux continent. Ainsi, l’Europe peine à surmonter la crise migratoire au vu de la croissance incessante du flux migratoire. La France prend une bonne initiative en décidant d’aider financièrement le Maroc à sécuriser ses frontières. Mais il serait plus judicieux, de limiter les flux, en empêchant les gens de quitter le pays dont ils sont originaires. Cela passe par une réelle coopération multidimensionnelle avec l’Afrique, essentiellement saharienne, dans un esprit de « gagnant-gagnant ».

Meriem Boucetta

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