La corruption se porte toujours bien au Maroc…

La corruption se porte toujours bien au Maroc…

Selon le rapport 2016 de Transparency International, rendu public ce mercredi 25 janvier, le Maroc est toujours classé dans les rangs des «pays où la corruption sévit à grande échelle ».  Il a même régressé par rapport au classement 2015, où il occupait la 88ème place, alors qu’il est aujourd’hui à la 90ème, sur un total de 176 nations.

Le rapport  confirme que la corruption continue de gangréner le monde, puisque plus des deux tiers des pays examinés (69% pour être précis), ont des notes inférieures à 100, sachant que le Maroc affiche 37% et que  les nations ayant moins de 50/100 sont considérées comme étant des nations où la corruption sévit…  « Cela montre combien la corruption est importante et omniprésente dans le secteur public à travers le monde. Cette année, les pays ayant perdu des places dans le classement de l’indice sont plus nombreux que ceux en ayant gagné, ce qui démontre la nécessité d’une action urgente », constate le rapport.

Sur les 176 pays étudiés, 77 enregistrent un indice plus mauvais que l’année précédente (dont le Maroc) tandis qu’ils sont seulement 61 à avoir amélioré leur score.  Les lueurs d’espoir de 2015 s’étiolent.

Et ainsi donc, la dynamique vertueuse qu’avait cru discerner l’ONG au cours de l’année 2015 – qui avait vu plus de pays améliorer leur score que de pays en recul – aura donc été de courte durée. Pour l’ONG « la corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre, créant un cercle vicieux entre la corruption, la distribution inégale du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse ». Situation qui nourrit, selon elle, un terreau fertile à la montée des élus populistes, comme on peut le voir un peu partout dans le monde, Donald Trump en tête.

Et donc, la percée de dirigeants autocrates...

en Turquie comme en Hongrie s’accompagne-t-elle d’une dégradation de leur classement respectif, la Turquie reculant de la 66ème  à la 75ème place, la Hongrie de la 50ème à la 57ème. Tandis que l’Argentine, qui connaît un cheminement politique inverse en se délestant d’un gouvernement populiste, entame une remontée de la lointaine 107ème place à la 95ème.

L’ONG presse les États d’agir contre le « cercle vicieux de la corruption et de l’inégalité sociale ». Des pays, relate-t-elle, se retrouvent privés de milliards de dollars de recettes qui tombent dans les mains de quelques personnes, comme l’illustrent des cas de grande corruption tels Petrobras et Odebrecht au Brésil ou ceux liés à l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch.

Ce n’est pas un hasard si, dans le concert des pays les plus vertueux, l’on retrouve les pays scandinaves, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, le Luxembourg ainsi que le Canada, la Nouvelle Zélande et Singapour (tous ayant un score entre 90 et 80). Ce sont aussi les pays qui s’illustrent, rappelle Transparency, par « un gouvernement transparent, la liberté de la presse, la garantie des libertés civiles et des systèmes judiciaires indépendants ».

Au niveau du nord de l’Afrique, le Maroc devance l’Algérie et l’Égypte (108èmes  ex aequo), mais fait moins bien que la Tunisie (75ème). Le royaume stagne depuis 2012 avec un total de points d’une moyenne de 36, et ce n’est pas le programme au milliard de DH lancé par le gouvernement Benkirane qui risque d’y changer grand-chose. Cela est confirmé par Fouad Abdelmoumni , secrétaire général de Transparency Maroc, qui a affirmé qu’il n’y a pas de volonté politique affirmée de lutter contre le phénomène. En effet, ajoute-t-il, 48% des personnes ayant été en contact avec certains administrations (police, justice, santé…) ont déclaré avoir dû passer par la case « pot-de-vin ».

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