La guerre déclarée et décalée du PJD contre tous !

La guerre déclarée et décalée du PJD contre tous !

Plus le temps passe, et plus le PJD d’Abdelilah Benkirane s’énerve de ne pouvoir réunir une majorité pour former le gouvernement. Dans quelques jours, cela fera deux mois que le roi Mohammed VI a désigné Benkirane pour former son gouvernement, et cela fera  deux mois que Benkirane patauge, voulant tout le monde, mais refusant les conditions de tout le monde… Alors le parti de Benkirane engage le fer contre tous ceux qu’il considère responsables de son échec, directement pour ce qu’ils sont ou indirectement pour ce qu’ils représentent…

Les ministres accompagnant le roi. Selon le site Alyaoum24.com, connu pour sa proximité avec le PJD, ils seraient de plus en plus nombreux au sein du parti d’Abdelilah Benkirane à critiquer la forte présence du RNI et de ses ministres autour du roi pour ses visites africaines. Ainsi, on trouve Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Boussaïd, ministre des Finances, Moulay Hafid Elalamy, ministre du Commerce et de l’Industrie, et Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture. Le site ne le dit pas mais l’idée suggérée est claire : la présence massive des ministres RNI auprès du roi confère plus de visibilité à ce parti et indiquerait une préférence royale...

Le site précise que pendant ce temps-là, le blocage politique dans la formation du gouvernement continue, par la faute d’Akhannouch qui a exigé que le parti de l’Istiqlal sorte de la future majorité pour que le RNI y entre.

Pour simple rappel utile, les visites du roi dans plusieurs pays du continent sont inscrites sous le signe de l’économie, et donc du bilatéral. Rien d’anormal alors à ce qu’il y ait le chef de la diplomatie. La diplomatie de l’engrais et de l’agriculture commande également la présence du ministre de l’Agriculture. Quant aux partenariats économiques et aux grands projets d’investissements, ils requièrent bien évidemment les ministres en charge de ces secteurs. Aucun ministre PJD n’est concerné par les conventions et partenariats conclus avec les Etats visités par le chef de l’Etat.

Voir dans la présence de ministres RNI auprès du roi une manœuvre de favoritisme ou de basse politique est… de la basse politique.

Attaques en règles et tir nourri contre Ahmed Toufiq. Le ministre des Habous et des Affaires islamiques a suspendu vendredi dernier 2 décembre l’imam Mohamed Abiat, préposé à la mosquée Youssef ben Tachfine de Fès. La raison : l’imam a évoqué des questions politiques dans son dernier prêche du vendredi. Or, un dahir...

d’avril 2014 interdisait précisément, avec arguments à l’appui, aux imams de s’atteler à des questions politiques et syndicales. Leurs prêches doivent en conséquence être strictement religieux.

Si l’imam Abiat a contrevenu aux dispositions de ce dahir, il est donc parfaitement légal de le révoquer. Mais les militants du PJD n’ont pas vu cette décision sous cet angle. Ils ont boycotté la prière dans cette mosquée vendredi 2 décembre et ont hurlé des slogans contre le ministre.

Puis leur action a été relayée par la page Facebook « Foursane al-Islah » (chevaliers de la réforme, le terme fétiche de Benkirane et de son parti) : le ministre Toufiq est dépeint sous les traits d’un vampire, et des appels à sa démission fleurissent sur cette page.

Pour rappel, Ahmed Toufiq appartient à cette catégorie de ministres qu’on appelle « ministres de souveraineté », c’est-à-dire qu’ils sont désignés par le roi, directement… certes sur proposition du chef du gouvernement, mais ils sont nommés par le roi.  Le message adressé par les manifestants est donc clair.

Gratuité de l’enseignement. Voici une dizaine de jours, certains médias, dont Akhbar Alyoum, avaient indiqué que le Conseil supérieur de l’Education, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), présidé par le conseiller du roi Omar Azzimane avait décidé de la « suppression de la gratuité de l’enseignement public ». L’information est aussi grave que fausse… Elle a conduit le CSEFRS à publier un communiqué de précision dans lequel il précise que la gratuité est assurée et garantie jusqu’au lycée, et qu’au-delà de ce niveau, aucune famille démunie ne verra ses enfants privés de scolarité pour raisons matérielles.

De plus, ce principe d’introduction des frais de scolarité à partir du niveau du lycée est inclus dans la Vision stratégique pour l’enseignement, soumise au roi Mohammed VI, approuvée par lui, et ayant fait l’objet de l’adhésion gouvernementale et de l’engagement du gouvernement Benkirane de la mettre en œuvre…

Exciper de cette problématique, présentée d’une façon erronée et indirectement par des médias « amis » du PJD, est une manière pour ce dernier d’enclencher les hostilités d’une manière détournée.

En fait, la stratégie du PJD est de gêner l’Etat, d’exister, faisant feu de tout bois et s’attaquant au premier cercle de pouvoir. L’objectif est de masquer l’échec de Benkirane à former son gouvernement, alors même qu’il souhaite y intégrer le RNI d’Akhannouch, mais tout en refusant à ce dernier d’avoir son mot à dire sur la nature de la future alliance.

Aziz Boucetta

Commentaires