L’activité économique marocaine vue autrement, sous un angle « socio-régional »

L’activité économique marocaine vue autrement, sous un angle « socio-régional »

Les douze Régions du Maroc administratif ont chacune leur poids dans l’économie nationale, et il est inégal. Casablanca-Settat n’est pas Souss-Massa et encore moins Dra-Tafilalet. Chacune a son apport, ses atouts, ses points forts et ses faiblesses. C’est sur le plan bancaire que l’on peut savoir les réalités des choses et c’est ainsi qu’on peut se faire une idée de ce qu’est chaque Région, avec ses potentiels et ses hommes (et femmes).

De toutes les banques marocaines, c’est la Banque populaire qui détient le plus de savoir en la matière car elle fonctionne sous un statut coopératif régional, à travers les banques populaires régionales, ou BPR, qui elles-mêmes abritent dans leurs Conseils d’administration les « notables » économiques de chaque Région (mais pas notables au sens politique…). L’avantage est qu’au-delà de leur statut de clients de l’institution, ils sont aussi ses dirigeants au niveau local, ou plutôt régional.

Le président de l’institution, sur le plan national, Mohamed Benchaâboune a donc entamé une tournée des Régions pour écouter les uns, se concerter avec les autres, et tâter le terrain économique du pays. Les remarques qui suivent éclairent le panorama économique d’une lumière nouvelle. Au commencement, il y a donc eu la Région Souss-Massa, puis celle de la capitale Rabat (Rabat-Salé-Kenitra) et aussi Fès-Meknès.

1/ Souss-Massa.

Pour la première Région, la réunion avec les opérateurs économiques (sociétaires au sein de la BPR et leurs amis et partenaires) a été l’occasion de faire le point sur les financements en ces temps de disette économique. Mais il est apparu que cette Région vit dans une sorte de microcosme économique indépendant des aléas conjoncturels nationaux, et bien évidemment mondiaux, sauf pour les activités en relation avec l’étranger (tourisme, exportations agricoles). Les gens de Souss-Massa ont développé une activité économique qui « se suffit à elle-même », les fournisseurs trouvant leurs clients et les clients s’accordant avec leurs prestataires, dans une sorte de bulle économique. La contribution économique pour la vision, financière pour l’action, et intellectuelle pour la compréhension, développée par la BP a fait le reste.

2/ Rabat-Salé-Kenitra.

Puis la « caravane » de Benchaâboune et de ses collaborateurs s’est transportée à Rabat. Et là, on comprend que cette Région, menée par la capitale du pays, a rompu sans que l’on s’en aperçoive avec le cliché habituel :...

Rabat est la ville de la fonction publique et des fonctionnaires qui vont avec, la richesse étant ailleurs. La Région développe donc depuis de nombreuses années une stratégie qui est en passe de créer un véritable cœur industriel en particulier, économique plus généralement. Malgré les résistances dues à une longue histoire politique et administrative fermée.

Cela ne s’est pas fait sans heurts, mais cela s’est réalisé dans la remarquable discrétion dont seuls les Rbatis et voisins ont le secret. Kenitra a émergé en tant que ville industrielle qu’elle était et qu’elle est encore plus, surtout avec le grand projet PSA en voie de voir le jour.

La BP a créé un Comité de suivi de l’activité économique, invitant les opérateurs à le rejoindre pour identifier les projets d’investissement réalisables, et surtout les entraves inévitables. Mais quand l’argent est là, les problèmes généralement s’atténuent. Et la BPR (avec son million de clients locaux) donne de l’argent – sous forme de crédit – sachant qu’elle assure à elle seule environ la moitié des encours crédit de la Région (comme pour Agadir et sa région aussi).

3/ Fès-Meknès.

La problématique est différente. La ville s’est paupérisée et, suite à l’arrivée massive des gens des campagnes avoisinantes en raison du marasme économique, Fès s’est trouvée engorgée, ne sachant ni accueillir les nouveaux arrivants, ni les loger et encore moins leur offrir des opportunités de travail. Les pouvoirs publics locaux et surtout municipaux, menés jadis par Hamid Chabat et aujourd’hui par Driss Azami el Idrissi, sont restés cois devant cet exode rural inédit, laissant leur ville partir à vau-l’eau.

Le résultat est une criminalité galopante et une sous-activité débordante. A preuve, Fès, qui était jusqu’aux années 80 la 2ème ville industrielle du pays, est aujourd’hui au-delà du 5ème rang. Et c’est le sens des remarques apportées par les opérateurs au sein du Comité de suivi de la BPR, qui est le premier collecteur d’épargne et qui assure un crédit accordé sur deux.

Au-delà du caractère purement entrepreneurial de la démarche de Benchaâboune, c’est un véritable diagnostic (psycho) économique qui a été dressé de l’activité dans ces trois villes visitées. On attendra donc de savoir comment fonctionnent et selon quels ressorts les Régions Oriental, Tanger-Tétouan-al Hoceima et les Régions du Sahara.

AB

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