Anouar Zyne claque la porte de l’UC
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- 26 septembre 2016 --
- Maroc
Et ce qui devait arriver arriva. Il était l’ancienne figure de proue de l’Union constitutionnelle, et l’ancien Secrétaire général de sa jeunesse. Il était l’étoile montante du parti, et celui qui devait contribuer à rehausser son image puissamment écornée. Il était car il ne l’est plus. Anouar Zyne vient d’annoncer sa démission de l’UC par cette phrase sibylline : « J'ai mis fin aujourd'hui à dix ans d'engagement partisan, et merci ».
Le jeune journaliste (de profession) avait été candidat à la succession de l’éternel Mohamed Abied à la tête du parti. C’était en 2015, et il était opposé, entre autres, à Driss Radi, mais les ressorts secrets de l’UC ont sorti à la dernière minute la candidature de Mohamed Sajid, qui est devenu le patron du parti (ou de ce qui en restait). Mohamed Sajid est donc devenu le nouveau SG du parti, un SG malgré lui, en quelque sorte.
Dans l’intervalle, les coups de boutoir n’ont pas cessé de pleuvoir sur la tête d’Anouar Zyne. Et qui tenait la massue ? Les caciques du parti, emmenés selon nos sources par Abdallah Firdaous, Driss Radi et leurs amis. Elégant jusqu’à la fin, Anouar Zyne a refusé de commenter cette information, lors d’un entretien téléphonique avec PanoraPost, se contentant de dire que « vu les clivages et les divergences d’opinion, il est temps de partir. Il y a un temps pour tout, et il y a celui où on doit savoir partir ».
Il avait publié un statut sur sa page Facebook, ce weekend, pour dire ce qu’il pense de son parti, et surtout de ses dirigeants, et là, même en métaphores, il a...
été clair : « L'orgueil justifie cette imprudence nécessaire pour chercher la performance. L'imprudence, c'est quitter sa zone de sécurité, de confort, et tenter, individuellement et collectivement, l'exploit, parfois le miracle. Mais l'orgueil n'est qu'une réaction, à l'humiliation, et à ses différentes conséquences: le doute, la vindicte, l'accusation, la dévalorisation... ». Puis un défi : « Humilier, à tort ou à raison, c'est, finalement, renforcer, motiver, encourager », « permettre de sortir le meilleur de soi-même ».
Et maintenant ? Zyne était cette étoile filante quelque peu incongrue dans notre grisaille politique. Il avait contribué à l’élaboration du programme de son parti, un programme avant-gardiste qu’il a même dû faire lui-même, même s’il s’en défend, mais les anciens de l’UC ont toujours été dérangés et offusqués par le volontarisme de Zyne. Ils ont fini par avoir eu le dessus, à défaut d’avoir eu gain de cause, car la cause moderniste et progressiste d’Anouar Zyne est aujourd’hui en forme d’électron libre au sein du microcosme politique.
Mohamed Sajid a bien et beaucoup travaillé avec Anouar Zyne, mais il semblerait qu’il ne l’ait pas soutenu, effrayé sans doute par les coups de menton des caciques et toujours impressionné d’être, lui, à la tête d’un parti, même l’UC.
« L’adhésion à un parti, c'est terminé. Plus jamais», nous a-t-il dit, mais il est sûr que son nouveau statut pourrait faire de lui un joker, qui ne saurait tarder à être approché par les dirigeants politiques, sitôt le vacarme et le tintamarre électoraux retombés. En bon politique, Zyne devrait savoir qu’il ne faut jamais dire jamais et que par ailleurs et en revanche, il faut savoir laisser du temps au temps.
AB
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