Siam était sur la plage de Cannes, vêtue d’un legging et voilée. Elle était allongée et prenait un bain de soleil, pendant que ses enfants étaient dans l’eau. Arrivent 4 policiers qui lui rappellent un arrêté municipal obligeant les personnes présentes sur la plage à porter « une tenue correcte ». Siam est alors obligée de retirer son haut (photo), pendant que les policiers l’examinent. La polémique est lancée.

La scène s’est produite voici une semaine mais Siam, ancien hôtesse de l’air, avait hésité à réagir, avant de saisir le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Les médias français s’emparent aussi de l’affaire, puis les langues se délient. On apprend que des choses bien laides se produisent désormais en France, stigmatisant toute une communauté, les musulmans, en raison des amalgames faits avec le terrorisme qui se dit islamique.

Les policiers de Cannes, un peu gênés, expliquent à la dame que « dans le climat actuel, vous comprenez, on est obligés de verbaliser »… mais les témoins présents, certains du moins, sont bien moins diplomates et compréhensifs… « Rentrez chez vous ! Madame, la loi c’est la loi, on en a marre de ces histoires, ici, on est catholiques ! »…

Que dit le fameux arrêté ? « Une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d’attaques terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l’ordre public (attroupements, échauffourées, etc.) qu’il est nécessaire de prévenir »… Le montant de l’amende en cas d’infraction est de 38 euros. Siam a donc été verbalisée pour « ne pas...

avoir une tenue correcte qui respecte les bonnes mœurs  et la laïcité »… Le très riche concept de laïcité se trouve donc dénudé sur une plage cannoise…

Mathilde Cusin, journaliste à France 4, qui se trouvait là par hasard, a expliqué au Nouvel Obs : « Les gens lui demandaient de partir ou d'enlever son voile, c'était assez violent. J'ai eu l'impression de voir une meute s'acharner sur une femme assise au sol en pleurs avec sa fillette. Ce qui m'a choquée, c'est que c'était surtout des trentenaires, pas des personnes âgées comme on pourrait l'imaginer ».

Siam, portée par une vague de sympathie, envisage aujourd’hui de poursuivre en justice la mairie de Cannes et l’Etat français. Mais au-delà de la mairie et de l’Etat, entités juridiques impersonnelles, c’est le discours politique des responsables français qui a mis le feu aux poudres et enflammé les esprits.

Quand, en Allemagne, trois attentats s‘étaient produits en moins d’un mois en juillet, les responsables politiques ne parlaient pas immédiatement d’islamisme, d’islam, de musulmans, et même quand les auteurs inféodés à Daech avaient été identifiés, le ministre de l’Intérieur et la chancelière Merkel avaient mis en garde leur population contre la stigmatisation de la population de migrants récemment arrivés sur leur sol. C’est bien ce qui manque à la France qui, elle, a bien plus de connaissances historiques et actuelles avec les pays musulmans.

Fort heureusement, il existe encore une partie de la société française éclairée aux Lumières et qui décide de réagir à ces dérapages davantage dûs à la panique des autorités et au populisme politique qu'à une quelconque menace des gens comme Siam, et bien d'autres...