Ahmed Raïssouni se joint à ceux qui réclament la suppression de l’article 222 du Code pénal

Ahmed Raïssouni se joint à ceux qui réclament la suppression de l’article 222 du Code pénal

L’article 222 est cet article du Code pénal qui interdit la rupture du jeûne en public durant le ramadan et qui prévoit des peines assez sérieuses. Ahmed Raïssouni est un théologien projectiviste, ancien président du Mouvement Unicité et Réforme,  l’aile de prédication du PJD. Il est connu pour son érudition et, parfois, sa crispation. Il vient de demander, à son tour, l’abrogation de cet article.

...Une demande qui ne devrait pas convenir au ministre de la Justice Mustapha Ramid, qui tient à sanctionner ceux qui rompent ostensiblement le jeûne durant le mois de ramadan. « Je rejoins ceux qui militent pour la suppression de cet article, même si mon objectif n’est pas le même que le leur et que nos intentions divergent également », a donc dit Raïssouni lors d’une conférence tenue à Qatar.

L’article 222 dispose que « celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 200 à 500 DH ».

Le fqih Raïssouni explique donc que « celui qui ne jeûne pas et le montre en public doit être malade ou en voyage. Il est donc inutile que nous l’arrêtions et que nous le jugions ; c’est de l’énergie inutilement perdue ». Pour lui, le jeûne est affaire de conscience d’abord,...

et ce n’est qu’ensuite que la société s’implique, même si elle ne le devrait pas.

Ahmed Raïssouni ajoute que la religion musulmane s’appuie avant tout sur la foi personnelle et la conviction individuelle et que, de ce fait, il est inutile, voire contre-indiqué, de légiférer et de prévoir des sanctions pour des choses qui relèvent de la conviction. « Les croyants sont appelés à obéir aux indications divines, et non se soumettre à la force du pouvoir ou du glaive ». Exact, et c’est Ahmed Raïssouni, l’un des plus importants théologiens du Maroc –  que l’on soit d’accord ou pas avec ses positions –  qui le dit.

Il ajoute également comme autre argument que la loi divine ne comporte que peu de sanctions temporelles en cas de non-observation d’obligations religieuses, et les sanctions temporelles sont celles qui sont édictées par le Prince ou l’Etat.

« Il existe un grand nombre de comportements précisés par la religion, mais dont le non respect n’implique pas de sanctions ou de punitions, comme l’alimentation, l’habilement ou les relations conjugales », argumente le théologien diplômé de Jeddah en Arabie Saoudite.

Ainsi donc, Ahmed Raïssouni rejoint ceux qui réclament l’abrogation de l’article 222, sauf que pour lui, si punition il doit y avoir, elle sera divine et que pour les autres, jeûner ou non relève de la liberté individuelle. Différence de conception mais convergence d’objectifs, et c’est ce qu’il faut retenir.

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