Le PJD attaque (encore) le PAM sur la question de la dépénalisation de la culture du kif

Le PJD attaque (encore) le PAM sur la question de la dépénalisation de la culture du kif

Un long article sur le site officiel du PJD revient sur la désormais fameuse proposition du PAM de réfléchir à la dépénalisation de la culture du kif dans la région du Rif. Depuis l’organisation d’un colloque fin mars sur la question, au siège de la Région Tanger-Tétouan-al Hoceima présidée par le SG du PAM Ilyas el Omari, le PJD attaque ce dernier à chaque occasion, et avec une louable régularité.

Dans cet article intitulé "les dessous de l'appel du PAM à la réglementation du kif, face à l'élargissement du front des opposants", on fait intervenir Abdessamad Belkebir et Cherif Aderdak, respectivement analyste politique, précédemment de gauche, mais avec des amitiés PJD de plus en plus marquées, et président de l’association Amazigh Senhadja Rif. Les deux affirment que l’objectif final du PAM est d’abord et avant tout électoral, et que « le souci de prendre en considération les problèmes des populations du Rif est tout à fait illusoire ».

L’article revient sur une précédente prise de position du secrétariat génaral du PJD, dans laquelle il était dit et longuement expliqué que la légalisation de la culture du kif servait essentiellement les barons de la drogue, mais nullement les populations pauvres et précarisées de la région. Aderdak explique à son tour que « les populations concernées ont davantage besoin d’un plan de développement que de légalisation d’une culture nocive ». Tel n’est pas l’avis d’Abdellatif Adbib, le président du Réseau associatif du Rif pour le développement, qui estime que la réflexion sur la dépénalisation du kif doit être...

entamée.

Mais ce qui dérange, en réalité, le PJD, est la certitude que son ennemi du PAM engrangera des voix par dizaines de milliers dans cette région où la culture du kif est l’activité première. Il appelle cela l’ « électoralisme ». Et Ilyas el Omari ne s’en cache pas, sauf qu’il récuse la manœuvre politicienne dans son appel a dépénaliser la culture du kif, et non à le légaliser –… car pour lui, en campagne électorale, les électeurs expriment le souhait de voir cette région réhabilitée, les recherches contre les cultivateurs levées et une solution pérenne trouvée. « Oui, en campagne nous avons promis aux populations de trouver une solution en lançant une réflexion, et c’est ce que nous faisons. Ce n’est pas de l’électoralisme, mais plutôt le respect de promesses électorales ». Le PJD, lui, se contente de placer le débat sur le plan moral.

Le PAM ne demande pas la légalisation de la consommation, mais la dépénalisation encadrée de la culture du kif, avec introduction de nouveaux plants pour usage industriel ; ce qui est différent. Quant aux barons de la drogue, trafiquants et intermédiaires, ils seront d’autant plus atteints que les cultures seront contrôlées, en même temps que leurs débouchés, et que la vente du kif à usage récréatif reculera en raison de la nouvelle nature des plants, à faible teneur de THC (tetrahydrocannabinol, le principe actif) en remplacement des plants actuels, affichant un taux de THC de 15 à 18%.

La bataille autour du kif se déplace donc sur le terrain électoral et la morale n’est peut-être pas là où on le pense…

Commentaires