La Chambre des représentants discute (et politise) le rapport de la Cour des Comptes

La Chambre des représentants discute (et politise) le rapport de la Cour des Comptes

Dans le cadre de la discussion du rapport 2014 de la Cour des Comptes, à quelques mois des élections législatives, opposition et majorité se sont lancées les accusations, la première tirant profit du document pour égratigner le gouvernement, lequel s’est défendu en en rejetant une grande partie. Une sorte de bilan parlementaire de l’action gouvernementale.

Ainsi, l’Istiqlal, le PAM et l’USFP ont-ils reproché au gouvernement d’avoir très mal géré les finances publiques, et essentiellement l’endettement. Pour les trois formations, le cabinet Benkirane a enfoncé le pays dans les dettes. Pour les socialistes, le Maroc a emprunté au cours de ces 5 dernières années plus qu’en dix ans sous les précédents gouvernements. Les Istiqlaliens ont accusé l’équipe Benkirane d’adopter une posture de fuite en avant, empruntant à tour de bras et imputant cela aux gouvernements qui l’ont précédée.

Ainsi, on épingle l’Exécutif pour avoir emprunté près de 200 milliards de DH en 4 ans et demi, dont 50 milliards à l’extérieur, et non pour injecter ces fonds dans le circuit productif et les investissements, mais pour les dépenses de fonctionnement. Ainsi, l’endettement de la Trésorerie générale du royaume est passé de 431 milliards de DH à 627 milliards entre 2011 et 2015, et cet endettement représente désormais 80% du PID, au lieu de 67% en 2011.

Prenant la parole, le chef du groupe PJD Abdallah Bouanou  est apparu sur la défensive en affirmant que le rapport de Driss Jettou n’est pas équitable, en...

cela qu’il ne tient pas en compte la situation héritée par le gouvernement Benkirane. « Nos avons trouvé, en 2012, des finances publiques en état de quasi faillite, et le gouvernement a dû emprunter pour payer les salaires des fonctionnaires », a-t-il expliqué, ajoutant que « le rapport de la Cour des Comptes ne fait qu’égrener des chiffres, sans les analyser, sachant que la plus grande réalisation du gouvernement est la réforme de la Compensation ». Certes.

A son tour, le ministre des Affaires générales Mohamed Louafa a martelé que « le rapport de la Cour des Comptes n’est pas le Coran, qu’il est discutable et contient autant des choses acceptables que d’autres qui ne le sont pas ». On sent les « éléments de langage » entre groupe PJD et gouvernement car Louafa a repris, presque mot à mot, l’argumentaire de Bouanou sur la situation héritée et sur le danger extrême qui caractérisait cette situation en 2012. « Aujourd’hui, personne ne peut rien dire sur la politique du gouvernement car si nous avons emprunté, nous avons réussi à prendre en mains notre décision économique, désormais indépendante ».

Intervenant sur Radio Luxe la semaine dernière, le ministre de l’Habitat et de la Politique de la Ville Nabil Benabdallah a reconnu tout de même, du bout des lèvres, que l’endettement atteint des niveaux préoccupants. Ce qui est vrai, mais il faut reconnaître aussi qu’aucun gouvernement n‘emprunte s’il n’y est acculé, contraint et forcé. Mais la situation est quand même là, inquiétante.

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