Alain Juppé : « le système de visas pour le Maroc n’est pas appelé à changer »

Alain Juppé : « le système de visas pour le Maroc n’est pas appelé à changer »

Alain Juppé, maire de Bordeaux et ayant occupé à peu près toutes les grandes fonctions publiques en France, est dans nos murs. Il en profité pour rencontrer les institutionnels et autres dirigeants marocains (CNDH, CGEM…), avant de rencontrer la presse. Bien que (re)tenu par la réserve diplomatique qui doit être la sienne, il a quand même dit des choses.

Avant, on disait qu’il était « droit dans ses bottes », mais ça, c’était avant… Aujourd’hui, l’homme est souriant, avenant, et on le sent sûr de lui dans son aventure présidentielle. Alors les journalistes, conscients d’avoir face à eux le probable 8ème président de la Vème République, ont posé leurs questions.

Mais lui a préféré, en préambule, mettre l’accent sur le jumelage Bordeaux-Casablanca, trentenaire en 2018. Il a évoqué des discussions avec son homologue Abdelaziz el Omari (qui est venu, exceptionnellement, à Casablanca…), de la rame Bordeaux au tram de Casa puisqu’à Bordeaux, il existe une rame Casablanca…

Interrogé sur la position de la France concernant l’affaire du Sahara, il a répondu subtilement que « les diplomates ont adopté et adoptent toujours une position claire à ce sujet, et même récemment, au Conseil de Sécurité de l’ONU ». Sans l’intervention de la France pour adoucir le projet de résolution US au Conseil de Sécurité, il est vrai que le Maroc aurait été en difficulté… L’ambassadeur Giraud, présent à la rencontre, a opiné du chef au propos de l’ancien chef de la diplomatie qu’est Alain Juppé, lequel a tout de même ajouté que « la France entretient des relations égales avec les pays du Maghreb, mais avec l’Algérie, ces relations sont plus…passionnelles ». Ce qui est vrai.

Répondant à une autre question sur les visas et le parallèle à dresser, éventuellement, entre les Turcs et les Marocains, en tant que pays immédiatement frontaliers de l’Union européenne et actifs pour endiguer les vagues de migrants (de Mésopotamie pour les Turcs, d’Afrique sahélienne pour Rabat), l’ancien Premier...

ministre de Jacques Chirac (1995-1997) a indiqué que la suppression des visas pour les Turcs n’est pas un bon signal et que faire entrer la Turquie au sein de l’ensemble européen, malade, est une action qui risquerait d’achever le malade. « Pour le Maroc, les consuls sont sensibilisés et les procédures, je crois, se passent bien et sont grandement assouplies depuis quelques temps ». Là, c’est le consul général à Casablanca qui acquiesce, à juste titre d’ailleurs.

Cela indique que l’ancien Premier ministre, l’actuel maire de Bordeaux et sans doute le futur chef de l’Etat n’est pas pour une suppression des visas d’entrée à Schengen, et donc en France. Il le justifiera en expliquant que « la population française n’est pas prête à accepter cela ».

Enfin, à une question sur l’intervention de la France en Libye, en 2011, Juppé replace les choses dans leur contexte. « Avec du recul, oui, c’est bien de reconsidérer les choses, mais en 2011, nous avions des images satellites qui montraient que les colonnes de char se dirigeaient vers Benghazi, dont Kadhafi avait promis de réprimer la population. Nous étions intervenus sous couvert d’une résolution de l’ONU et, en 2012, les forces politiques libyennes post-Kadhafi avaient voulu prendre en mains le sort de leur pays ».

Une rencontre souriante, donc, avec des représentants de la presse marocaine et un Alain Juppé tout sourire, avec un sens de l’humour plus et mieux marqué, et une ambiance très détendue. A la fin de la réunion, Juppé remercie la quinzaine de journalistes pour ce qu’ils allaient écrire sur lui, « en bien ou en mal d’ailleurs »…

Remarque subsidiaire... Pas un garde du corps (visible) à l'horizon, rictus nerveux plaqué aux lèvres et flancs de costume boursouflés par divers matériels, contrairement à l'ambassadeur Bush à Essaouira, étroitement cerné par des colosses pas franchement de bonne humeur. Et pourtant, ce matin, il y avait l'ambassadeur de France, le consul général et Juppé....

AB

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