La réponse indirecte de Mohammed VI à la résolution de l’ONU sur le Sahara

La réponse indirecte de Mohammed VI à la résolution de l’ONU sur le Sahara

Marrakech accueille depuis le 4 mai le 1er Congrès africain sur l’entretien, la sauvegarde du patrimoine routier et l’innovation technique. Evénement ordinaire, ce congrès a été l’occasion d’un discours du roi lu aux participants par l’un de ses conseillers, Mohammed VI étant toujours en voyage à l’extérieur du Maroc. Quelques passages de ce discours peuvent être considérés comme une réponse indirecte (et subtile) aux atermoiements de la communauté internationale sur la question du Sahara.

A l’ONU, on parle beaucoup, et c’est même fait pour cela… lors des dernières discussions autour de la résolution 2285 sur le Sahara, on a donc beaucoup discouru sur la Minurso, son rôle et son devenir. Le Conseil de Sécurité a également insisté sur la restauration de la Mission onusienne dans sa pleine fonctionnalité, pour un référendum d’autodétermination. Si le Maroc ne semble pas opposé à un retour de la composante civile de la Minurso, sous certaines conditions, il est en revanche opposé à toute idée de référendum, une solution juridique dépassée, et remplacée dans l’intervalle par la solution politique, proposée et mise en pratique par Rabat.

Mise en pratique ? Institutionnellement par l’autonomie de gestion de chaque province par ses habitants, à travers l’instauration des Régions sur l’ensemble du territoire marocain, et économiquement par le lancement du vaste projet de développement des provinces du Sud, pour 8 milliards de $.

Dans son discours au Congrès africain sur les routes, Mohammed VI a donc longuement expliqué les potentialités de l’Afrique, son avenir et ses besoins routiers en particulier, et de mobilité en général. Mais il y a ce passage à retenir :

« Le Plan accorde une place essentielle aux axes stratégiques orientés vers l’Afrique de l’Ouest, où les provinces du Sahara marocain forment un trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine. A cela s’ajoute le parachèvement de l’autoroute maghrébine à l’est pour faciliter les échanges avec les pays voisins ».

L’Europe en pleine récession cherche des débouchés économiques et œuvre à s’installer en Afrique. Aussi, le développement d’axes routiers et ferroviaires menant...

de Tanger à Lagouira, donc en Mauritanie et, au-delà, vers l’Afrique de l’Ouest, marque l’importance économique pour le Vieux Continent de la résolution définitive du conflit du Sahara dans le sens que préconise Rabat. Le Maroc est relié à l’Europe par un réseau autoroutier et ferroviaire de dernière génération (le TGV sera opérationnel dans un an), et avec le développement du plan de mobilité projeté, c’est l’Europe qui y gagnerait également.

Mohammed VI a également parlé de « la réalisation d’une voie express aux normes internationales reliant Agadir à Dakhla via Tiznit et Laâyoune, et s’étendant jusqu’aux frontières sud entre le Maroc et la Mauritanie (…) et de la construction du grand port Dakhla Atlantique, (en plus de) la réflexion pour construire une ligne de chemin de fer s’étendant de Tanger à Lagouira en vue de relier le Maroc au reste des pays africains frères ».

Après la réalisation de ces projets, l'Europe sera reliée par route et (plus tard) par chemin de fer à Lagouira, puis à la Mauritanie et au reste de l’Afrique. Ce sont des projets qui coûteront des milliards d’euros, que le Maroc supporte seul, ou presque si l’on compte des dons venus du Golfe. Et un grand port à Dakhla (300 km envion de la Mauritanie) sera dédié au commerce avec le flanc sud du Maroc et servira de plateforme au trafic maritime dans la région ouest-africaine.

Si l’ONU et les principaux pays qui la gèrent, USA en premier, regardaient les choses avec plus d’attention, ils constateraient ces investissements consentis par Rabat pour relier son Nord à son Sud, et pourraient les mettre en opposition avec la situation dans les camps de Tindouf où il n’existe pas de logements en dur, malgré la richesse (désormais passée) des Algériens…

Le message subliminal adressé par Mohammed VI à la communauté internationale est donc celui-ci : Le Maroc est et restera dans son Sahara, il y engage d’énormes investissements qu'il assume seulet, par là-même, permettra pour la première fois dans l’histoire une liaison moderne et directe entre Europe et Afrique.

AB

 

 

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