La publicité, au Maroc, est machiste
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- 30 avril 2016 --
- Maroc
Quand la Haute autorité pour la communication audiovisuelle s’y met, elle met aussi les pieds dans le plat… C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par cet organisme et présentée jeudi 28 avril, sur « les stéréotypes fondés sur le genre à travers la publicité ». La grande conclusion établie par la HACA est que les spots publicitaires diffusés sur les chaînes Al Oula et 2M reflètent une approche patriarcale et mettent en évidence des rapports sociaux basés sur le genre.
Ainsi, l’institution présidée par Amina Lemrini Elouahabi a passé en revue 138 spots publicitaires, pour 6.440 passages et une durée cumulée de plus de 42 heures, avec une audience globale cumulée sur un mois, selon Marocmétrie, de plus de 29 millions de téléspectateurs, et courant sur le mois de juillet 2015.
L'analyse des spots publicitaires établit donc que la responsabilité au sein du foyer est différenciée selon le genre, le père/conjoint étant le plus souvent responsable de la sécurité matérielle du foyer. En effet, selon les conclusions de la HACA, l’homme renvoie l’image d’un « acteur passif, centré sur lui-même (son alimentation, son journal, son programme télévisuel), hors de la maison, il est le pourvoyeur de fonds, responsable de la sécurité et du bien-être matériel du foyer ».
Quant à la mère/épouse,...
elle s’occupe généralement du bien-être domestique de la famille. Elle est confinée, pour la HACA, au « rôle traditionnel d’épouse et de mère, responsable du bien-être des membres de la famille, dépendante du soutien matériel de l’homme, du conseil des autres ».
Les choses se prolongent aux enfants, quand on voit que les filles sont généralement à la cuisine pendant que leurs frères s’adonnent à des activités physiques, au grand air.
Amina Lemrini Elouahabi a indiqué que le sujet de cette étude aspire à sensibiliser les parties concernées par le secteur de la publicité et à les appeler à faire montre de plus de vigilance, notamment à la lumière de l'adoption des dispositions légales interdisant « toute publicité portant atteinte à la femme ou comprenant un message de nature à diffuser des stéréotypes négatifs, une image d'infériorité ou inciter à une discrimination à l’égard de la femme à cause de sa nature biologique ».
Quant à Mounir Jazouli, président du Groupement des annonceurs du Maroc, présente au même titre que plusieurs intervenants civils et politiques, il a imputé ces éventuels problèmes à la faible connaissance des techniques et des discours publicitaires, appelant à élaborer un projet de loi relatif à l'auto-encadrement et à l'autoréglementation de la publicité en collaboration avec l’ensemble des intervenants.
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