Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la nature des risques   

Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la nature des risques  

Il y a dix jours, le Bureau central d’investigations judiciaires réussissait une opération importante, et inédite. Un ressortissant français, converti, un mineur, des projets d’attentats à la fourgonnette piégée et à l’aide de substances biologiques... Il s’agissait d’un véritable commando, ainsi que l’avait qualifié Abdelhak Khiam, chef du BCIJ. Mais la nouveauté, en dehors du Français et du mineur, était la découverte de produits et matières pouvant servir à un attentat biologique majeur. Les détails.

PanoraPost a pu obtenir des informations sur ces produits, après analyse des substances saisies, un cadavre de rat, des lamelles de citron et des clous. Ces produits ont été analysés dans les laboratoires scientifiques de la police et les découvertes qui en ont été issues sont effrayantes. La préparation de produits pouvant servir à une attaque biologique en étaient encore au stade préliminaire, mais il semblerait que les terroristes connaissaient les méthodes de fabrication de produits létaux, à grande échelle, et de diffusion avec des doses de l’ordre du microgramme.

Nature de la bactérie et sa létalité

Après les études et analyses biologiques en laboratoire, la présence d’une bactérie Clostridium perfringens a été avérée. La particularité de cette bactérie est sa production de toxines particulièrement dangereuses et qui, administrées à de très petites doses, sont mortelles.

Les pathologies qui résultent de ces toxines sont diverses.

1/ Pour la toxine A :

a/ Gangrène gazeuse pouvant mener à l’amputation d’un membre ;

b/ Septicémie violente et mortelle. La septicémie est une infection grave de l'organisme, se caractérisant par la présence dans le sang de germes pathogènes ;

c/ Pneumonie nécrosante conduisant à la mort.

2/ La Toxine Epsilon mène à des neurotoxines, des produits toxiques agissant sur le système nerveux et entraînant invariablement la mort.

3/ Enfin, pour la toxine de type C, le sujet présente après administration du produit une entérocolite nécrosante mortelle ou, autrement dit, une inflammation de l'estomac et de l'intestin. La nécrose est la mort d’un tissu, ou d’une cellule.

Ces résultats ont été obtenus par des expérimentations biologiques approfondies, combinant les produits saisis dans la « planque » de la cellule démantelée à el Jadida. Elles ont été ensuite éprouvées sur des souris qui ont présenté les différents symptômes décrits ci-dessus, avant de mourir entre 9 et 24 heures après avoir reçu les doses.

Méthodes de diffusion

La bactérie Clostridium perfringens et la neurotoxine qui en est tirée sont reconnus et classifiés parmi les agents du terrorisme biologique car elles peuvent être utilisées dans la contamination de l’eau et des aliments, et elles peuvent également contaminer l’air respiré par un procédé d’aérosolisation, c’est-à-dire par administration à travers la voie aérienne en aérosol.

Pour être plus précis, si ces produits sont répandus dans des bassins et/ou des cuves d’eau potable, on imagine les catastrophes qui en résulteraient. Ces citernes sont approchées quotidiennement par des dizaines de personnes…

Il est plutôt difficile de préparer ces produits...

en aérosol, mais avec la montée et le développement des techniques, il devient à la portée d’une groupe organisé de réussir l’aérosolisation. Le groupe arrêté par le BCIJ l’est… Un attentat commis dans un espace fermé, parmi ceux commerciaux ou non cités par le BCIJ, pourrait utiliser le système de ventilation, atteignant les centaines, voire les milliers de personnes qui s’y trouvent.

Comment ces produits sont arrivés au Maroc

Nous le disions dans un précédent article, ces produits sont entrés sur le sol national par les frontières est.  Pour être plus précis, ces frontières sont hermétiques au sud, avec le mur de sécurité du Sahara et au nord, avec la barrière grillagée érigée depuis un an. Cela laisse entre ces deux barrières  quelques centaines de kilomètres de frontières franchissables par un groupe organisé, en plusieurs fois.

Or, le matériel saisi et le degré de préparation de la cellule/commando arrêtée par le BCIJ dévoile un degré élevé d’organisation, qui aurait pu permettre de faire entrer au Maroc, séparément, des produits pouvant servir à la fabrication d’agents pathogènes, une fois ces produits assemblés et préparés.

L’itinéraire suivi par les terroristes, et leurs produits, pourraient donc prendre son départ de Libye, nouveau sanctuaire du groupe « Etat islamique ». Or, on sait le degré de porosité des frontières algériennes est, avec la Libye, l’armée algérienne ayant montré son incapacité à contrôler ces 750 km, en plus du demi-millier de km de frontières avec le Niger. Le Grand Sud algérien étant terra nullus, avec des bandes de terroristes Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) qui y circulent en quasi liberté et dont les relations ont été établies, selon plusieurs déclarations du patron du BCIJ, avec le Polisario.

Or, la cellule dernièrement démantelée avait fait allégeance à Daech. Il reste à déterminer les relations entre les deux officines terroristes que sont Aqmi et Daech au Sahel. Le risque est donc la circulation d’armes et de produits biologiques (et peut-être chimiques aussi) dans la large bande du Sahel, et la possibilité d’infiltration au Maroc dans un premier temps, et en Europe dans un second temps.

Et au-delà du Maroc ?

Mais le risque est encore plus grand de voir les expertises humaines en matière de produits chimiques et biologiques traverser les frontières, l’organisation « Etat islamique » ayant semble-t-il décidé d’utiliser des armes dites NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques). Le Maroc est menacé sur son flanc est, et donc l’Europe sur son flanc sud, en plus des arrivées massives de migrants de Mésopotamie sur le Vieux Continent.

Rappelons que pour ces rames NRBC, la presse belge avait ces dernières semaines fait état d’une traque d’un haut responsable belge dans le domaine nucléaire par les terroristes de Daech, l’adresse de son domicile et ses habitudes ayant été trouvées dans un disque dur saisi lors de la perquisition d’un repaire de terroristes en Belgique…

Aziz Boucetta

 

 

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