UE- MAROC : Reprenez ces Marocains que je ne saurais voir…

UE- MAROC : Reprenez ces Marocains que je ne saurais voir…

"Un impératif humanitaire. Ni plus ni moins", c’est en ces mots qu’Angela Merkel définissait la politique d’accueil des migrants à l’automne dernier.  Avant de renchérir par son expression fétiche « Wirschaffendas ! », traduit littéralement par « nous y arriverons » !  A cette époque, des milliers de migrants affluaient en Méditerranée, fuyant notamment les conflits en Syrie ou en Irak au péril de leur vie.

De nombreux Marocains ont tenté de s’engouffrer dans la brèche. Résultat : en près deux mois, ils sont plus de 10.000 à avoir clandestinement franchi les frontières de l’Allemagne via la Turquie et la Grèce. Mais les premiers incidents ont vite douché leurs espoirs.  

La police de Cologne s’est plaint d’une recrudescence de criminalité émanant, entre autres, de jeunes Marocains.  Notamment après les agressions à Cologne lors du Nouvel An. Selon la police, une large part des personnes incriminées sont marocaines.

Sous la pression de l’opinion publique et de la classe politique allemande, Angela Merkel a durci le ton à l’égard des étrangers en situation irrégulière et a assoupli le cadre des expulsions.

Au sein de la coalition gouvernementale allemande, une décision a été prise. Le Maroc est désormais classé aux côtés de l’Algérie et de la Tunisie sur la liste des pays classés « sûrs » par l’Allemagne. L’objectif est clair : juguler le nombre de migrants venus de ces pays, qui a considérablement augmenté ces derniers mois. Lors d’un entretien téléphonique avec Mohammed VI, la chancelière allemande a évoqué le sort de ces Marocains résidant illégalement sur le territoire allemand. Le roi et la chancelière ont ainsi convenu que « les responsables concernés des deux pays renforcent leurs échanges en vue de préparer et étudier les dossiers des personnes en séjour illégal, et de procéder au transfert sans délais vers le Maroc », selon un communiqué.vLe ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, devrait ainsi se rendre prochainement au Maroc, « en vue de travailler étroitement sur ce sujet avec...

son homologue marocain », Mohamed Hassad.

En parallèle, le gouvernement allemand a également approuvé des mesures devant rendre l’Allemagne moins attractive pour les migrants économiques : obligation de résidence pour certains demandeurs d'asile, réduction des aides et limitation du rapprochement familial. Mais l’Allemagne n’est pas le seul pays à prendre un virage serré en matière de politique migratoire. La  Suède aussi.

Le ministre suédois de l’Intérieur, Anders Ygeman, a estimé qu’entre 60.000 et 80.000 demandeurs d’asile enregistrés l’an dernier seraient déboutés et expulsés, soit près d’un requérant sur deux. « Nous devons nous occuper du mieux possible de ceux qui peuvent rester, mais ceux qui reçoivent une réponse négative doivent repartir », a justifié pour la Suède le chef du gouvernement Stefan Löfven.

Sur le banc des « accusés » : les mineurs marocains résidant illégalement sur le territoire suédois. Sur un total de 35.369 mineurs non accompagnés ayant déposé une demande d’asile l’an dernier en Suède, 403 seraient marocains, à peu après autant en 2014. Mais ces chiffres sont bien inférieurs à la réalité : l’Office des migrations estime qu’un mineur marocain sur trois ou quatre disparaît dans la nature après son entrée sur le territoire scandinave, de peur de se voir refuser l’asile. Seul 4 % des demandes d’asile de ressortissants marocains ont en effet reçu un avis favorable en 2015.

Et donc, Anders Ygeman et le président de la Chambre des représentants du Maroc Rachid Talbi Alami ont pris l’engagement d’«œuvrer de concert à un meilleur retour des ressortissants marocains ».

Le royaume chérifien, longtemps réticent, est désormais « disposé à reprendre un plus grand nombre de ses citoyens », indique un communiqué ministériel suédois. Afin de faciliter les rapatriements, un comité travaille à l’identification de ces mineurs. Stockholm se dit prêt à « soutenir les organisations de la société civile pour permettre une meilleure réadaptation des enfants au Maroc ». La Suède envisage de fournir une aide en matière de formation et d’expertise technique.

 

 

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