Hocine Aït Ahmed, figure de la guerre d’indépendance et de l’opposition en Algérie, est mort

Hocine Aït Ahmed, figure de la guerre d’indépendance et de l’opposition en Algérie, est mort

Hocine Aït Ahmed, dirigeant historique de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, est mort mercredi 23 décembre à Lausanne en Suisse à l’âge de 89 ans, à la suite d’une longue maladie, a annoncé à Alger son parti le Front des forces socialistes (FFS). Le président Bouteflika lui a rendu hommage et a décrété un deuil national de 8 jours.

Aït-Ahmed était le dernier encore en vie des neuf « fils de la Toussaint », les chefs qui ont déclenché la guerre d’Algérie contre la puissance coloniale française le 1er novembre 1954. Inlassable pourfendeur de l’armée et de la police politique, opposant radical au régime depuis l’indépendance du pays en 1962 et grand défenseur de la laïcité dans son pays musulman, Aït -Ahmed était affaibli depuis 2012 et avait cessé toute activité politique.

Né en 1926 en Kabylie, une région montagneuse à l’est d’Alger, Aït -Ahmed a souvent connu l’exil et la prison. À 17 ans, il adhère au Parti du peuple algérien (PPA) du charismatique Messali Hadj et prône dès 1948 la nécessité de la lutte armée contre les troupes françaises. En 1954, il fait partie des chefs qui déclenchent la guerre d’indépendance.

En 1962, il s’oppose à ses anciens frères d’armes, en créant le FFS et des maquis armés en Kabylie. Libéré au moment du cessez-le-feu, en mars 1962, il prend très vite ses distances à l’égard de ses anciens compagnons d’armes dont il juge sévèrement les querelles. La rupture est consommée lorsqu’il fonde le FFS (Front des forces socialistes), qui, le 29 septembre 1963, lève des troupes et organise l’insurrection en Kabylie Dès la fin de juillet, il refuse de siéger au bureau politique, rend son portefeuille de ministre d’Etat au sein du gouvernement provisoire de la République d’Algérie et s’exile à Paris, puis en Suisse. Elu député de Sétif en septembre, il revient à Alger siéger au Parlement où il entend jouer le rôle de chef de l’opposition. Mais Ben Bella ayant déclaré au début de l’été 1963 « qui n’est pas avec moi est contre moi...

», Hocine Aït-Ahmed dénonce « le régime policier socialo-mystificateur », puis la Constitution qui « ne vise qu’à légitimer le pouvoir personnel » et enfin « le FLN, qui est une fiction et un parti coupé du peuple et de ses meilleurs cadres populaires ».

Arrêté en 1964, il est condamné à mort pour « menées contre-révolutionnaires », puis gracié. Il s’évade en avril 1966 et s’installe alors à Lausanne. Il dénonce alors Houari Boumediène, qui entre-temps, s’est emparé du pouvoir : « la dictature militaire a remplacé la dictature politique », dit-il

Il rentrera en 1989 à la suite de la fin du régime du parti unique qui a donné lieu à un « printemps démocratique ».

Retiré de la vie politique depuis le printemps 2013, l’homme avait été victime d’un AVC en janvier 2015. Il n’aura pas vu de son vivant l’avènement de l’Algérie démocratique et ouverte qu’il appelait de ses vœux.

En Algérie, des personnalités commencent à lui rendre hommage, comme l’ancien premier ministre Ali Benflis. « Hocine Aït Ahmed aura été d’une rare constance, d’une rectitude exemplaire et d’une noblesse d’âme admirable dans la défense de ses idéaux », a-t-il dit dans un communiqué. « Un long rêve de liberté et de démocratie n’est plus », a regretté de son côté l’écrivain chroniqueur Kamel Daoud.

Hocine Aït Ahmed a toujours maintenu de très bonnes relations avec le Maroc et sa classe politique, notamment les leaders du mouvement nationaliste et socialiste. Il était, d’ailleurs, l’un des habitués aux cérémonies d’ouverture des congrès de l’USFP. Une proximité qu’il a toujours affichée et en a toujours assumé les conséquences. Aït Ahmed, contrairement à la version officielle en Algérie, a toujours défendu le roi Mohammed V, que le FLN accuse, jusqu’à aujourd’hui, d’implication dans le détournement par les services secrets français de l’avion qui transportait six leaders algériens, en 1957 au Maroc.

Faisant part de son « immense douleur », le FFS n’a pas été en mesure de donner des précisions sur la date ou le lieu des obsèques de son chef historique.

 

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