Comment la police maîtrise un match de football au Maroc

Comment la police maîtrise un match de football au Maroc

La police marocaine s’est mise à la communication et semble même y prendre goût. Ce n’était pas si difficile, finalement… Ainsi, en préparation du derby casablancais qui s’est joué dimanche 20 décembre, les responsables de la police de la capitale économique ont été dans les médias et ont expliqué leur méthode pour superviser un match, et le sécuriser tant en amont qu’en aval. Pour ce 119ème derby, il y avait entre 3.500 et 4.000 agents mobilisés, ce qui n’a pas empêché de violents affrontements au demeurant.

Le risque de bagarres entre groupes de supporters

Ainsi, explique l’un des responsables de la police de Casablanca, une cellule est créée au sein de la préfecture et dispose d’antennes dans tous les arrondissements. S’il parvient à cette cellule une information sur un événement potentiellement dangereux qui se prépare au sein d’un groupe de fans ou d’ultras, elle avise immédiatement l’arrondissement concerné et l’intervention est décidée pour empêcher l’agression ou le guet-apens.

« Le risque zéro n’existe pas car ce type d’échauffourées entre dans la logique de ce sport, mais on constatera un recul significatif de ce genre de bagarres », explique le commissaire Hicham Halim sur les ondes de radio Atlantic.

Le transport

Pour le transport, qui représente également un danger, le même affirme que les dispositions sont prises pour assurer les moyens de transport en quantités suffisantes, et même l’heure de programmation des matchs est pensée de manière à pouvoir assurer ces moyens et de pouvoir les canaliser. Une rencontre qui se tient en début d’après-midi, un dimanche, a ceci d’avantageux que les gens sont chez eux et que la circulation est atténuée et les risques d’accidents aussi. « Des renforts sont appelés d’autres villes, parfois éloignées, pour réussir à aligner les effectifs nécessaires à la sécurité de toutes les artères conduisant au stade ».

Les moyens techniques

La Direction centrale de la police a procuré des caméras en nombre suffisant à la police casablancaise, permettant de suivre le flux de supporters et, le cas échéant, identifier un risque d’affrontement avant même qu’il ne se produise. Ces caméras se trouvent également dans l’enceinte du stade. « Mais le complexe, qui commence à vieillir un peu, doit absolument être réaménagé et modernisé », explique le commissaire Halim.

Par ailleurs, les appareils de détection de métaux ont été également procurés par la direction centrale, permettant de contrôler la présence d’armes blanches dans les poches des jeunes qui vont suivre leurs équipes.

Pendant le match…

Existe-t-il un moyen de contrôler et surveiller le public, pendant la rencontre ? « Dès que nous...

repérons  par caméra un mouvement de foule dans les gradins, les forces de police interviennent avant que les choses ne s’aggravent et nous décidons du degré de cette intervention ». Cela étant, et c’est évident, les publics sont soigneusement séparés par d’imposants cordons de police, en plus des inspecteurs en civil qui se trouvent parmi les spectateurs.

Le commissaire Halim a également évoqué la démarche participative, impliquant les responsables connus des groupes de supporters aux fins de sensibiliser leurs camarades un peu fougueux ?

La sortie du terrain

Il y a trois étapes dans une rencontre de foot ; l’arrivée et l’accueil des spectateurs, le match, et la sortie de terrain. Il n’existe pas selon le commissaire Halim,  d’étape plus difficile que l’autre ; tout doit être surveillé et contrôlé, seules les techniques changent selon les étapes. « Pour la sortie du public du stade, nous redéployons les policiers dans les artères de la ville, à côté du stade et au-delà, sur les voies qui seront empruntées par les spectateurs ».

Cela étant, explique le commissaire Halim, les publics des deux équipes sont séparés : « Pour les derbys, nous gardons à l’intérieur du complexe le public du club qui a gagné, et nous nous fondons pour cela sur la démarche participative, incluant dans notre dispositif les représentants des fans afin qu’ils avisent leur public. Les supporters de l’équipe vaincue sortent d’abord et sont escortés par les forces de l’ordre, le temps qu’ils s’éloignent suffisamment du complexe. Pour les publics étrangers à Casablanca, on les garde aussi dans le stade le temps que le public local se disperse dans la ville. Les supporters non casablancais sont alors escortés à leur tour, jusqu’à ce qu’ils quittent les limites urbaines de la ville ».

Cela étant, explique le commissaire, les dispositifs placés dans les points qui ont déjà connu des affrontements sont fixes. Ils restent en place durant toute la durée de l’opération.

Cela étant, on ne peut, comme l’a affirmé Hicham Halim, tout maîtriser. Exemple avec le derby du 20 décembre, quand le public a enfoncé les cordons policiers et débordé les forces de l’ordre présentes pour entrer d’une manière anarchique dans le stade. Et n’oublions pas qu’il y a eu aussi des affrontements dans le complexe car, malgré toute la vigilance de la police, des supporters des deux clubs ont pu faire leur « jonction » en fin de match. Des dégâts ont été aussi causés par les supporters énervés à la sortie du complexe.

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