Polémique sur une (ré)introduction du français dans l’enseignement : Ayouch et Raïssouni réagissent

Polémique sur une (ré)introduction du français dans l’enseignement : Ayouch et Raïssouni réagissent

Voici quelques jours, le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar a adressé une circulaire aux recteurs des académies régionales pour (ré)introduire le français comme langue d’enseignement des matières de mathématique et de sciences physiques au lycée, pour les deux dernières années avant le baccalauréat. Immédiate levée de boucliers des défenseurs de la langue arabe. Noureddine Ayouch, membre du Conseil supérieur de l’éducation et Ahmed Raïssouni, théologien président fondateur du Mouvement Unicité et Réforme réagissent.

Pour Noureddine Ayouch, qui avait lancé le débat sur l’usage de la darija aux premières années de l’enseignement primaire et par ailleurs président de la Fondation Zakoura, qui répondait aux questions de nos confrères d’Akhbar Alyoum, il est bien entendu nécessaire que nos enfants apprennent l’arabe, mais aussi d’autres langues, et essentiellement l’anglais, qui est la langue la plus utilisée dans le monde (scientifique et économique). Il faut que l’anglais passe de l’apprentissage des langues à une langue d’apprentissage, c’est-à-dire une langue d’enseignement.

Pour la circulaire de Belmokhtar, Ayouch explique qu’on ne peut passer à l’anglais immédiatement car l’Etat ne dispose pas des moyens pédagogiques pour cela ; il faut, selon Ayouch, adopter une période transitoire d’une décade environ, durant laquelle c’est le français qui servirait comme langue d’apprentissage pour les matières scientifiques. Et l’arabe ? Ayouch admet l’importance de l’arabe comme...

langue internationale et aussi officielle au Maroc, mais explique à juste titre et sans jugement de valeur, qu’elle n’est pas une langue « mondiale ». Recevoir les enseignements scientifiques en français, d’abord, puis en anglais, faciliterait l’accès au marché de l’emploi et à la connaissance scientifique à nos jeunes élèves.

Quant à Ahmed Raïssouni, il défend une cause qui pourrait être juste, mais avec de mauvais arguments. Dans une tribune publiée sur son site et intitulée « le ministre de l’éducation et la guerre sainte contre la langue arabe », il verse dans l’insulte et l’invective contre un Rachid Belmokhtar qui, il faut le reconnaître aussi, ne fait pas non plus dans la finesse, lui qui avait dit, comme n’a pas manqué de le rappeler  Raïssouni, qu’ « il ne sait pas parler arabe, comme il l’a lui-même affirmé ».

Raïssouni parle d’une « circulaire insurrectionnelle », « du plus mauvais ministre de l’éducation que le Maroc ait jamais eu », « d’un ministre qui n’est ni neutre ni technocrate, comme on le présente, mais d’un responsable englué dans ses objectifs politiques, idéologiques, non nationaux, non scientifiques et non éducationnels »… Il parle en outre beaucoup de lui en se mettant lui-même en valeur quand, enfant, dit-il, il défendait la langue arabe et qu’il avait été « sévèrement battu et corrigé, souvent et régulièrement, pour cela »…

Commentaires