Y aura-t-il une suite judiciaire à l’usage probable de l’argent à la Chambre des conseillers ?

Y aura-t-il une suite judiciaire à l’usage probable de l’argent à la Chambre des conseillers ?

Sitôt désignés les membres de la Chambre des conseillers, vendredi 2 octobre, les contestations ont commencé, dénonçant l’usage de l’argent par de grands électeurs pour acheter les voix d’autres grands électeurs. Le SG du PPS Nabil Benabdallah a été le premier à faire une sortie sur la question, affirmant que les deux tiers des nouveaux parlementaires ont utilisé l’argent comme argument électoral. Ce qui en fait quand même plus de 80 sur 120…

Benabdallah en est à sa deuxième sortie tonitruante, la première ayant été celle où, au lendemain du scrutin général du 4 septembre, il avait fulminé contre la rupture de certaines alliances de la majorité par le RNI. Aujourd’hui, sa saillie sur l’argent de la deuxième Chambre a été semble-t-il entendue par les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Mohamed Hassad et Mustapha Ramid, qui président la commission de suivi des élections.

Celle-ci a annoncé dans un communiqué « avoir appris que certains élus au titre des élections des membres de la Chambre des conseillers sont soupçonnés de crimes électoraux liés à l'usage de l'argent pour l'achat des voix des électeurs». La Commission précise en conséquence « la justice va statuer sur les cas concernés, conformément aux lois en vigueur ».

En outre, et selon notre confrère Akhbar Alyoum, dans son édition du lundi 5 octobre, une source « responsable » a affirmé que des écoutes de conversations téléphoniques ont été opérées pendant la « campagne électorale »,...

et que ces enregistrements seront analysés pour confondre ceux des grands électeurs qui ont acheté des voix et les autres qui les ont vendues.

Mais, selon la même source, l’analyse des enregistrements sera ardue car les élus concernés ont quand même fait pris des précautions en parlant les uns aux autres. « Les notables véreux qui ont investi le domaine des élections sont devenus experts dans l’utilisation des intermédiaires, il sera donc difficile de les confondre », explique Nabil Benabdallah, qui ajoute qu’ « il suffit d’observer combien tel ou tel autre parti avait d’élus et combien il a obtenu de suffrages de grands électeurs au soir du 2 octobre »…

Sur les 120 nouveaux conseillers, il en existe plusieurs qui sont par ailleurs en délicatesse avec la justice, soit pour des soupçons insistants de corruption ou détournements de fonds publics ou parce qu’ils font l’objet de condamnations en 1ère instance, comme c’est le cas pour l’Istiqlalien Abdellatif Abdouh, condamné à 5 ans de prison ferme dans l’affaire du Casino Saâdi de Marrakech. Conseiller sortant, il devait requérir l’aval du parquet de Marrakech pour s’en aller « légiférer » sur le plan national à Rabat…

C’est ce type de profils d’élus qui a conduit Benabdallah à réclamer la suppression de l’institution de la deuxième Chambre qui, il est vrai, fait doublon avec la Chambre des représentants, sans même disposer de la possibilité de censure (faire tomber) le gouvernement.

 

 

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