Les « rapts » et disparitions d’élus ont-ils commencé ?

Les « rapts » et disparitions d’élus ont-ils commencé ?

Au Maroc, c’est une pratique courante. Une fois que le scrutin au suffrage universel est achevé et les grands électeurs désignés, ils disparaissent, volontairement ou non. Cette manière de procéder était très en vogue lors des dernières élections communales, et surtout du temps de Driss Basri qui n’y voyait aucun mal. Aujourd’hui, la pratique est en recul, mais être en recul ne signifie pas avoir disparu…

Des rumeurs, en effet, font état de la disparition de plusieurs élus. Lors de sa conférence de presse, le chef du PJD et du gouvernement Abdelilah Benkirane avait juré que son parti ne contactait aucun élu d’un autre parti pour l’inviter et l’inciter à voter pour une présidence PJD, mais il a aussi dit « nos élus ont peur, ils sont terrifiés ; ils ont fui ou se barricadent chez eux, de crainte de s’entendre proposer des marchés illicites par les candidats des autres partis ». Si c’est le chef du gouvernement qui le dit…

A Casablanca, les tractations vont bon train, mais des informations venant de plusieurs partis rapportent que les élus se font subitement volatiles. « Il n’y a pas e véritable problème, mais une longue pratique crée la psychose de voir les prix des voix des grands électeurs s’envoler », affirme ce responsable du RNI, qui a tenu à garder l’anonymat, ajoutant que « maintenant, vu ce qui s’est passé pour les chambres professionnelles, où les prix ont dépassé le seuil des 100.000 DH, on peut comprendre que certains élus, même de chez nous (le RNI) soient tentés »…

A Guelmim, et malgré les dénégations de Salaheddine Mezouar,...

il se confirme d’heure en heure que plusieurs élus du RNI se soient volatilisés, selon les déclarations d’Abderrahim Abouaïda rapportés par les médias. Le président sortant serait en train de faire l’impossible pour garantir la présidence à son frère, au détriment du RNI qui aurait obtenu de ses alliés dans la majorité cette présidence.

Mais les élus sont-ils vraiment enlevés, comme on le dit ? Non, parce que dans la quasi-totalité des cas, il s’agit de disparitions volontaires, qui interviennent après la conclusion d’un accord entre le candidat à la présidence ou l’un de ses hommes, et l’élu vénal qui a promis son vote moyennant une somme d’argent plus ou moins importante selon l’importance de la ville et ses moyens. Une fois l’accord conclu, « l’acheté » se met à la disposition de « l’acheteur » qui veut « sécuriser » son acquisition.

Pour Habib Choubani, membre dirigeant du PJD, il serait opportun que la loi soit à l’avenir plus claire, dans le sens où elle devrait prendre exemple sur la constitution qui accorde la présidence du gouvernement au parti arrivé en tête. Ainsi, si c’était le cas, cela réduirait le phénomène de la disparition des élus.

Pour d’autres responsables politiques, interrogés par PanoraPost, il faudrait tout simplement interdire la transhumance. Une fois un candidat élu sous une étiquette, il n’aurait plus le droit de la modifier, sous peine de perdre son mandat, voire de se voir frappé d’inéligibilité. Si aucun parti ne sied à un candidat potentiel, il pourra toujours se présenter en indépendant, mais cela lui fermerait presque toute possibilité de briguer la présidence.

AAB

Commentaires