Benkirane conseille à al Adl wal Ihsane de se constituer en parti, et la Jamaâ répond avec vigueur

Benkirane conseille à al Adl wal Ihsane de se constituer en parti, et la Jamaâ répond avec vigueur

C’est lors d’une de ses sorties médiatiques dans cette campagne électorale que le chef du gouvernement et du PJD a fait une déclaration remarquée sur la Jamaâ al Adl wal Ihsane, le mouvement de feu le cheikh Abdeslam Yassine. Il répondait à Hamid Chabat qui demandait que l’Etat règle ce problème. Mais il s’est atiré une réaction fulgurante de la Jamaâ…

« Quand Hamid Chabat parle de ce sujet, cela ressemble aux élucubrations d’un benêt qui dit ce qu’on lui a suggéré de dire »… commence-t-il, pour répliquer à son ennemi, le chef de l’Istiqlal. Plus sérieusement, parlant de la Jamaâ, Abdelilah Benkirane a affirmé qu’ « al Adl est un mouvement organisé qui sait ce qu’il fait. Quand il décidera de revenir à de meilleurs sentiments, ses dirigeants savent à quelle porte frapper »… Une manière de dire qu’il n’est pas, lui, le chef du gouvernement, l’interlocuteur adéquat pour régler le problème d‘al Adl.

« La Jamaâ n’a jusque-là rien demandé et je pense que l’Etat n’a rien fait ni entrepris contre elle, sachant que ce cas fait partie de ses grandes préoccupations. Cela étant, ils ne peuvent pas prétendre réaliser quelque chose en dehors de la loi ; c’est pour cela que les dirigeants d’al Adl wal Ihsane doivent préparer leurs documents et organiser un congrès ». La déclaration est inédite, surtout émanant du chef du gouvernement, lequel est un leader islamiste.

Et donc à affirmation claire, riposte cinglante,...

qui est venue de la part de Hassan Bennajeh, membre du secrétariat général de la Jamaâ : « Nous savons que nous sommes une grande préoccupation de l’Etat et que cela dépasse le chef du gouvernement qui n’y a pas son mot à dire, sauf peut-être à se retenir de dire que l’Etat n’a rien entrepris contre nous »…

Bennajeh termine son commentaire par cette rude attaque contre Benkirane : « Nous savons et tu sais que nous savons, alors occupe-toi des détails et laisse de côté ce qui est bien plus grand que toi ».

Quant au secrétaire général adjoint de la Jamaâ Fathallah Arsalane, il a expliqué que "quand Benkirane dit que nous n'avons pas présenté de dossier, cela relève d'une ignorance des faits. Alors puisqu'il ne connaît pas les dessous de notre relation au pouvoir et qu'il admet que cela le dépasse, il aurait dû ne pas s'immiscer dans cette affaire"...

Quand les islamistes se battent entre eux, c’est toujours épique, sauf que Benkirane a compris que rien ne saurait être fait sans l’Etat et en dehors de lui, et que les gens de la Jamaâ doivent faire face à une vague de mécontentement dans leurs rangs. Les cadres de l’organisation, en effet, voient que leurs pairs du PJD, étant entrés dans les institutions, y ont gagné en visibilité et en respectabilité, et qu’ils sont en mesure d’obtenir des fonctions leur permettant d’exister sur le plan public.

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