Les fonctionnaires auront désormais le droit de poursuivre des études sans autorisation de leur administration

Les fonctionnaires auront désormais le droit de poursuivre des études sans autorisation de leur administration

Depuis 1982, quand Maâti Bouabid officiait comme Premier ministre, les fonctionnaires désireux de s’inscrire à des cycles de formation supérieure devaient obtenir l’autorisation préalable de leurs administrations. Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane vient d’annuler ce décret vieux d’un tiers de siècle.

Désormais, tout fonctionnaire, enseignant ou autre, souhaitant donner un coup de pouce à sa carrière, pourra s’inscrire au cycle qu’il souhaite, sans avoir l’obligation de demander l’autorisation de ses supérieurs. Cette autorisation, selon plusieurs enseignants du secondaire, nécessitait des mois d’attente, et souvent n’aboutissait jamais. Ce sont essentiellement les collectivités locales et le ministère de l’Education nationale qui recevaient le plus grand nombre de demandes, et les refusaient le plus souvent, arguant d’un absentéisme élevé dans le cas où il était autorisé à un fonctionnaire de suivre des cours universitaires.

L’année dernière, à la rentrée, le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar avait interdit à « ses » enseignants de s’inscrire en cycles supérieurs. « L’enseignant est un fonctionnaire qui est responsable devant le ministère et aussi devant les élèves (...) et je ne suis pas d'accord avec ceux qui désirent poursuivre leurs études au niveau du master ou du doctorat pour améliorer leurs...

situations administrative au détriment des élèves », avait lancé Belmokhtar, créant un grand émoi à cette époque-là au sein du corps des enseignants. Interrogé au parlement pour son affligeante décision, il avait lancé la balle à son collègue de l’Enseignement supérieur Lahcen Daoudi qui, lui, était favorable à la demande des fonctionnaires.

Avec le nouveau décret de la présidence du gouvernement, le problème est réglé. L’année dernière, les demandes avaient atteint le nombre de 35.000. Le problème est que si tous ces gens sont autorisés à quitter leurs postes pour s’en aller étudier, il faudra combler le vide dans leurs administrations. Une solution, préconisée par Daoudi, est d’assurer des cours du soir.

La mesure intervient en pleine campagne pré-électorale, elle n’est donc certainement pas fortuite ; mais il n’en demeure pas moins qu’elle assure l’égalité des chances des fonctionnaires pour accéder à des statuts meilleurs dans la fonction publique. Il suffira seulement de s’assurer de la présence effective des nouveaux étudiants à leurs cours, ainsi qu’à leurs examens, de même qu’il faudra superviser les notes obtenues par eux aux évaluations, afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un moyen pour faire l’école buissonnière, côté profs…

 

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