Ramadan 2015/1436 est fini, place à la ripaille. L’été des plages et des voyages peut commencer. Le ramadan 2015 a été secoué par plusieurs événements d’ordre moral, des discussions plus ou moins sexuelles hissées au niveau gouvernemental, balayant la pudibonderie puisque l’ordre public était concerné. On a dit beaucoup de choses sur les Marocains, leurs us bien ancrées, leurs coutumes encore mieux établies et leur pudeur désormais mondialisée, déclinée à coups de  robes au port pénible et de code pénal aussi harassant que terrassant. Quelques idées pour cette fin de ramadan, pour mieux connaître ces Marocains, pour fixer durablement certains faits inédits…

Comment sont les Marocains pendant le ramadan ?

On impute trop souvent trop de travers à ce mois, qui n’est finalement qu’un mois. Il va et il vient, et les comportements varient, les habitudes sont bousculées, et les tempéraments s’enflamment…  Le Haut-commissariat au Plan vient de publier une enquête sur l’incidence du ramadan sur le travail des Marocains, quantité et qualité. Mais on peut avoir plus, savoir bien plus… avec une grande enquête du HCP ou de tout autre institut de sondage, qui interrogerait des administrations et un échantillon représentatif afin de mieux nous connaître…

Sur la circulation… On pourrait avoir des réponses aux questions en réalisant un tableau statistique sur le nombre d’accidents (morts, blessés et dégâts matériels) et une comparaison avec les autres mois de l’année, le nombre d’infractions constatées, les habitudes de déplacements pendant le mois, la fréquentation de autoroutes… et aussi, et surtout, le nombre d’accrochages et d’accidents au quart d’heure précédant l’appel d’al-Maghrib…

Sur l’alimentation… Il serait intéressant de savoir l’évolution du chiffre d’affaires des boulangeries/pâtisseries/fours de quartiers, la consommation de tomates et de produits de la mer, le chiffre d’affaires des producteurs de laitages (Centrale et autres coopératives)… peut-être que moduler ces informations sur l’ensemble des villes permettrait de mieux connaître les habitudes de consommation régionales.

Sur la vie urbaine…  l’évolution de la consommation d’électricité, la fréquentation des troquets à chicha et à danseuses aussi, mais également des cafés tout court…, le nombre de dépôts de dossiers de construction ou d’investissements dans les administrations concernées…

Sur la pratique religieuse… Combien de gens font effectivement le ramadan (il risque d’y avoir quelques surprises d’un côté comme de l’autre…), la fréquentation des mosquées aux prières d’al-Maghrib, d’al-Ichaa et des prières des Tarawih… Combien de gens prient uniquement pendant ramadan et pas les autres mois de l’année… les volumes d’achat d’ouvrages religieux… Combien de femmes mettent le voile durant le mois de ramadan…

Sur la famille … Le taux d’augmentation des visites familiales, le nombre d’invitations moyens par ménage (chez soi et chez autrui), les changements d’habitude au sein des familles (sorties des jeunes…), les changements d’habitudes religieuses… les habitudes...

de consommation audiovisuelles (télévision et radios…)

Sur les MRE… Combien font ramadan dans les pays d’accueil, combien viennent au Maroc pour la période du ramadan, et combien évitent le Maroc durant cette même période…

 

Cela permettrait, enfin, de se faire une idée précise sur les habitudes des Marocains durant le ramadan, et cela conduirait, fatalement, à tordre le cou à bien des rumeurs et à plus encore de vérités établies.

Des faits inédits…

Cette année, plusieurs événements ont secoué la société. Du lynchage de l’homosexuel de Fès à l’agression énervée de cette jeune fille de Safi en short… de la manifestation sur le port des robes à la discussion débridée sur les pratiques sexuelles et religieuses (homosexualité, relations sexuelles hors mariage, rupture ostensible du jeûne un peu partout…). Il est vrai qu’un projet de code pénal est débattu en ce moment, il est vrai que nous sommes en période pré-électorale, mais le phénomène est quand même nouveau et inédit.

Cette année encore, des personnes certainement bien intentionnées ont été enquêter sur les fréquentations de sites pornographiques durant le mois. Même le fqih Raïssouni y a été de sa vérité sur la pratique. Les résultats ont été assez remarquables, dans les deux sens du mot.

Cette année, enfin, le gouvernement a eu deux réactions qu’il serait utile de relever. D’abord, il a été décidé de décréter le lendemain du 29^ème jour – et non le 30^ème – férié pour les administrations. L’initiative est louable car elle aura permis à bien des personnes de décider d’un voyage que l’incertitude avait mis en sursis. La décision a été prise 4 jours avant ledit jour. Le secteur bancaire a pris sa décision la veille, c’est-à-dire le 29^ème jour.  Tard mais il n’est jamais trop tard pour faire els choses…

Il serait donc, sans doute, judicieux de prendre une mesure permanente, qui serait de décréter férié le lendemain du 29^ème jour. Cela donnerait certes, une année sur deux, trois jours pour l’aïd al-fitr, mais à y réfléchir, ce n’est pas vraiment préjudiciable pour l’activité économique car, regardons-nous bien, quand on apprend le soir du 29^ème jour que le ramadan aura 30 jours, personne ne travaille vraiment. On passe cette journée dans l’attente du soir, et de la fin du ramadan.

Ensuite, c’est le chef du gouvernement qui, cette année, a informé en premier de la durée définitive du ramadan. Avait-il une information ? La lune n’aurait-elle pas été observée en plein jour, alors que rituellement (et « astrophysiquement » aussi), c’est durant la nuit que l’observation s’effectue. Le problème est ailleurs, et on le sait… Mais que le chef du gouvernement fasse cette annonce est une première. Espérons que ce ne soit pas une dernière…

Bonne fête à toutes et à tous.

Aziz Boucetta