La Valls française de Benkirane et de ses 12 ministres clôt la brouille

La Valls française de Benkirane et de ses 12 ministres clôt la brouille

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane était en France hier jeudi 28 mai, lourdement accompagné d’une douzaine de ministres, le tiers du gouvernement, et de chefs d’entreprise. La forte délégation a été reçue par le premier ministre Valls, lui aussi escorté par une grosse partie de son gouvernement. Une vingtaine d’accords ont été signés et la brouille est (presque) définitivement close.

Entre le Maroc et la France, les relations sont plus solides semble-t-il qu’une brouille judiciaire aussi passagère qu’un nuage d’été. Les relations sont au niveau des Etats et la solidité des échanges économiques en constituent le socle. Et ainsi, une vingtaine d’accords et conventions ont été signés lors de cette 12ème réunion de haut niveau.

« Je suis très heureux que cette coopération se mette en place le plus rapidement possible... Regardez, regardons comment et combien le Maroc a changé, a évolué, s’est démocratisé », a asséné le premier ministre français. A partir de là, le ton est donné et tout devient possible. Le reste est affaire franco-française.

Des accords économiques et sociaux en rafale, dont…

Un protocole financier en faveur des PME marocaines en vue de faciliter l’achat de biens et services français à hauteur de 25 millions d’euros a été signé par les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération Laurent Fabius et Mbarka Bouaida.

Une déclaration d’intention dans le domaine de l’éducation a également été paraphée par les ministres Rachid Belmokhtar et Najat Vallaud Belkacem, dont les objectifs sont le développement des sections internationales francophones dans les lycées du Maroc, le renforcement de la formation des enseignants marocains de français, la mobilisation de moyens numériques pour l’enseignement du français et en français, le développement des classes préparatoires et des agrégations.

Les deux parties sont aussi convenues d’ « une Convention-cadre » entre le ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration du Maroc et le ministère français de la Décentralisation et de la Fonction Publique, portant notamment sur la refonte du statut général de la fonction publique.

Un autre accord a été conclu entre l’AFD et le Crédit Agricole du Maroc précisant l’octroi d’une subvention de 200.000 euros en vue de compléter la convention de prêt non souverain de l’AFD à Tamwil el-Fellah.

Le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) d’une part, et le Centre Royal de...

Télédétection spatiale (CRTS) et le Centre Royal d’Etudes et de Recherches Spatiales (CRERS) d’autre part ont, quant à eux, conclu un accord-cadre portant sur le domaine de l’utilisation de l’espace extra atmosphérique à des fins pacifiques. L'accord concerne les activités spatiales suivantes : applications civiles issues des données de l’observation de la Terre, développement de projets communs applicatifs, recherche scientifique et radiocommunications.

Un Avenant au protocole de 2009 relatif à l’extension du réseau de tramway de Casablanca a aussi été conclu pour un montant de 65 millions d'euros…

Des séquelles de brouille, quand même…

Cette rencontre de haut niveau intervient au moment où le Parlement français examine la nouvelle convention d'entraide judiciaire franco-marocaine, vivement critiquée par des organisations de défense des droits de l'Homme qui y voient un moyen de rendre quasi impossible toute poursuite en France de ressortissants marocains.

Cette convention « favoriserait l’impunité pour les présumés responsables marocains de graves violations des droits humains », affirment ces associations (ACAT, Amnesty, FIDH, LDH et HRW) dans un communiqué mercredi. Cette accusation est balayée par les deux parties, mais Manuel Valls a tenu à calmer les esprits.

« Il ne doit pas y avoir d'inquiétude quand il s'agit d'accord entre deux pays non seulement amis, qui ont non seulement un partenariat d'exception que nous faisons vivre tous les jours [...] mais qui ont aussi la même analyse sur ce monde qui change », a expliqué le premier ministre français, ajoutant que « ces dispositions de l’accord s'inscrivent naturellement dans le respect de nos législations, de nos institutions judiciaires, de nos engagements internationaux et donc de nos principes (…). Sa mise en œuvre n'empêchera en aucun cas un juge français de continuer à se saisir ou instruire un dossier comme il le souhaite, ni un ressortissant français ou marocain de continuer à déposer une plainte à tout moment devant la justice française. Coopérer ne signifie nullement se dessaisir dans un contexte où chaque justice reste évidemment indépendante et souveraine mais nous avons voulu tirer ensemble les leçons des crispations, des malentendus que nous avons pu connaître ».

L’essentiel est donc que la raison prime et que la justice passe et si les choses se déroulent dans l’objectivité et le respect mutuel, il n’y a aucune crainte à avoir sur les points de litige qui existent encore.

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